Faut-il tirer une croix sur le crucifix?

C’est souvent le théologien qui interprète un quotidien qui ne lui a rien demandé, mais c’est parfois le quotidien qui devient théologique. Exemple patent ces derniers jours, quand la question récurrente du crucifix accroché à l’Assemblée nationale à Québec a brusquement resurgi dans le débat (lire « Laïcité – Benhabib veut débattre du crucifix à Québec » dans le Devoir du 15 août, mais aussi la « Liste des articles liés à ‘crucifix’ » sur le site Internet du Devoir).

Tout a été dit sur la nécessité de le conserver ou de le retirer. Tout ou presque tout! Car j’ai l’orgueil de croire que j’ai un argument original. Le gardant pour la fin, je commence par rappeler, brièvement et sommairement, les trois positions plus classiques.

Un argument culturel pour le maintien du crucifix

Certain-e-s pensent: « Les symboles catholiques ont non seulement marqué, mais aussi fabriqué l’identité des habitants de la Nouvelle France, puis des Canadiens, puis des Franco-Canadiens, puis des Québécois. Le crucifix dans l’Assemblée nationale du Québec témoigne de cette mémoire collective. Il faut le conserver. »

Un argument culturel contre le maintien du crucifix

Certain-e-s pensent: « Ce crucifix a une histoire. Il a été accroché au mur de l’Assemblée nationale en 1936, alors que Maurice Duplessis était premier ministre. S’il symbolisait à l’époque ce que le Québec voulait être, il ne représente plus ce que le Québec veut être aujourd’hui. Il est donc temps de le décrocher et de l’exposer au Musée de la civilisation. »

Un argument religieux pour le maintien du crucifix

Certain-e-s pensent: « Contrairement à ce que l’on prétend, le Québec n’a pas tellement changé. Il est encore très majoritairement et très profondément catholique et nous voulons qu’il le reste. Le crucifix témoigne de cet état de fait. Il incarne notre volonté. Il faut le conserver. »

Et un argument théologique contre le maintien du crucifix

Le théologien protestant que je suis espère que certain-e-s peuvent aussi penser: « Il n’est jamais bon que religion et politique s’acoquine. La démocratie ne s’accommode ni de la théocratie ni du césaro-papisme, mais seulement d’un État laïc. Il vaut mieux tenir les Églises à l’écart des lieux où s’exerce le pouvoir. Il est donc préférable de retirer ce crucifix. »

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