Mon collègue Benoît Melançon (l’auteur d’un ouvrage remarquable et remarqué: Langue de puck) me signale une lettre de lecteur parue dans La Presse de ce matin: « La LNH et les signes religieux. »
L’auteur, Pierre Proulx, y suggère d’appliquer aux signes religieux ostentatoires la même méthode qui a été appliquée pour le port du casque de hockey: laisser celles et ceux qui en portent aujourd’hui les porter (comme la LNH a laissé les anciens joueurs finir leur carrière tête nue) et obliger les « nouveaux arrivants » (c’est l’expression qu’utilise Pierre Proulx) d’abandonner les signes ostentatoires de leur religion (comme la LNH a obligé les jeunes joueurs et les nouveaux venus à porter un casque). La suggestion me paraît troublante à deux égards.
- D’abord, l’auteur postule que les signes sur religieux sont le fait des seuls « nouveaux arrivants ». Mais quid d’une musulmane, d’un sikh ou d’un juif qui naît aujourd’hui au Québec? Dans vingt ans sera-t-elle ou il autorisé à porter des signes religieux?
- Ensuite, je comprends le parallèle entre ce qui doit apparaître à l’auteur comme deux formes d’irrationalité: ne pas porter de casque quand on joue au hockey et afficher des signes religieux quand on vit au Québec. Mais je reste songeur sur la valeur profonde de cette comparaison. Car les situations sont exactement inverses. Du côté du hockey, la LNH a exigé des joueurs qu’ils se couvrent la tête. Du côté du Québec, on leur demande(rait) qu’ils-elles la découvrent. Mais si la religion apparaît plutôt comme une protection illusoire, c’est sortir tête nue qui représente(rait) alors une marque de courage.