Lors du dernier colloque des étudiant-e-s de cycle supérieur de la Faculté de théologie et de sciences des religions de l’Université de Montréal, j’ai eu l’occasion d’écouter l’exposé de Hyacinthe Kihandi Kubondila qui rédige sa thèse de doctorat sur la « Mariologie africaine » (pour ceux qui ne le savent pas, la mariologie, c’est la « science de Marie »). Il aimerait proposer aux femmes catholiques africaines une figure de Marie qui ne fasse pas l’apologie de la soumission (je résume sans doute mal et certainement trop succinctement son intention).
Je dirais que c’est une drôle d’idée. Pourquoi vouloir garder Marie à tout prix (mais oui, j’ai aussi une culture cinématographique) alors que la Bible proposent comme modèle d’autres figures féminines indépendantes qui réalisent les promesses de Dieu?
- Comme Ève qui permet à Adam de découvrir la vraie vie.
- Comme Sara dont Dieu récompense le rire par une grossesse.
- Comme Déborah qui gouverne le peuple d’Israël pendant 40 ans.
- Comme Esther qui, en exil à Babylone, sauve le peuple juif.
- Comme Marie de Magdala (l’autre Marie) qui la première témoigne de la résurrection;
- Comme Prisca, Apphia, Phoébée, Nymphe et d’autres femmes responsables des premières communautés chrétiennes.
En même temps, je comprends l’intention de Hyacinthe Kihandi Kubondila. Et je lui souhaite de réussir. En contexte catholique, il est certainement plus réaliste de vouloir changer la manière de voir Marie plutôt que de prétendre lui substituer n’importe quelle autre figure féminine.
Mais ce n’était pas vraiment l’objet de mon article. L’exposé de Hyacinthe Kihandi Kubondila et la discussion avec mes collègues Diana Dimitrova et Fabrizio Vecoli aura été pour moi l’occasion de prendre conscience d’un paradoxe: inclure des déesses dans son panthéon (comme l’hindouisme) ou vénérer Marie et canoniser des saintes ne signifie pas qu’une religion donne aux femmes l’égalité à laquelle elles ont droit. Au contraire, ai-je presque envie d’écrire, ce sont peut-être les Églises les plus patriarcales quant à leur conception de l’Absolu qui sont le moins patriarcale dans leur fonctionnement. À l’image de beaucoup d’Églises protestantes et de certains courants du judaïsme pour lesquels « il n’y a plus ni hommes, ni femmes » (au moins sur le plan des responsabilités). Ce qui a pour effet retour de rapidement dé-patriarcaliser la conception de l’Absolu, de le/la repenser père et mère, fils et fille, esprit et sagesse.
La déification ou la sanctification de la femme ne servirait-elle qu’à cacher la misère son asservissement? Ou à faire croire qu’elle suffirait à le compenser? Mais ne devrait-il pas en être « sur la terre comme au ciel »?
Bonjour prof. Olivier, Votre article peut bien m’aider à penser sur l’importance de la femme dans la Bible et pourquoi pas dans les églises haïtiennes. Excellent article Jean Baptiste ________________________________
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