Inspiré par la belle Langue de puck de Benoît Melançon, je me propose de rédiger mon Abécédaire de la religion du Canadien et de définir les 26 mots-clefs de la religion du Canadien. Y parviendrai-je? Affaire à suivre. À suivre vingt-six fois plutôt qu’une! Avec un nouveau mot pour chaque nouvelle partie du Canadien. Du moins je l’espère.
A comme «Âme»
À la question paradoxale posée par Lamartine «Objets inanimés, avez-vous donc une âme qui s’attache à notre âme, et la force d’aimer?», les fidèles de la religion du Canadien répondent par l’affirmative. Et les hagiographes de la Sainte-Flanelle savent même où la situer:
«Le Canadien a perdu Carey Price. C’est une famille qui perd son âme.» Alain Crête. Le 5 à 7, RDS. 20 mai 2014.
«En 1993, comme cette année, le cœur et l’âme du tricolore, c’était un gardien vedette.» Lio Perron. Le Huffington Post Québec. 31 mai 2014.
Dans la religion du Canadien, l’âme n’est donc ni cette chose sans trop de consistance (même si l’on a essayé de la peser) que l’on pense s’envoler au moment précis du décès, ni ce petit supplément qui s’ajouterait à la chair, aux os, aux muscles, aux bras (qu’ils soient ou non meurtris). Ici, en bonne théologie, pas de dualisme, mais la réalité de l’incarnation. Dans la religion du Canadien, l’âme est une personne, une personne tout entière, avec son corps et son esprit, un gardien de but de préférence. Comme en judaïsme, comme en christianisme, elle est principe de vie, elle est souffle (nephesh et ruwach en hébreux, pneuma en grec). Elle est ce qui inspire le Canadien; elle est ce qui pousse ses joueurs vers l’avant; elle est ce qui exalte ses partisans. Elle est enfin ce qui s’attache à l’âme du Québec, ce qui la force à aimer «nos Canadiens».
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