Inspiré par la belle Langue de puck de Benoît Melançon, je me propose de rédiger mon Abécédaire de la religion du Canadien et de définir les 26 mots-clefs de la religion du Canadien. Y parviendrai-je? Affaire à suivre. À suivre vingt-six fois plutôt qu’une! Avec un nouveau mot pour chaque nouvelle partie du Canadien. Du moins je l’espère.
E comme… «Eau bénite»
Comment expliquer certaines victoires chanceuses du Canadien, sans évoquer l’intervention d’une puissance supérieure ou surnaturelle? Chacun choisira la sienne: Dieu, dieux du hockey, fantômes du Forum, sans doute d’autres encore. Mais encore faut-il que de telles puissances existent! Encore faut-il qu’elles aient la volonté et la capacité d’intervenir dans le monde! Encore faut-il qu’elles s’intéressent au hockey! Encore faut-il trouver le moyen d’attirer leurs bonnes grâces sur son équipe favorite!
Pour expliquer comment on peut convaincre une puissance supérieure de jouer avec le Canadien, les théologiens de sa religion proposent une explication particulièrement savoureuse.
Ce qui aiderait les joueurs du Canadien serait de «les avoir trempées dans l’eau bénite». Avoir trempé quoi? Auraient trempé «les»! Mais «les» quoi? L’accord au féminin pluriel exclut les patins et les gants; il fait pencher pour des parties moins visibles, plus privées et plus viriles, celles-là même que l’on tâtait jadis pour vérifier que le pape «en avait deux et bien pendantes» («duos habet et bene pendentes»), prouvant par là-même qu’il était un homme et un vrai. Ce que sont aussi, sans le moindre doute, les joueurs du Canadien.
Qu’on imagine seulement, même métaphoriquement, pouvoir attribuer le succès du Canadien au fait de «les» tremper dans l’eau bénite (on espère sincèrement que cela reste une image et ne devienne jamais une réalité), c’est-à-dire dans une eau qu’un prêtre a béni, témoigne d’un fond tenace de culture catholique québécoise. Qui, logiquement, influence aussi la religion du Canadien.
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