Dans La Presse de ce dimanche, l’éditorialiste en chef André Pratte intitule son éditorial à propos des changements climatiques: « Ceci n’est pas une religion » (avec une astucieuse référence à Magritte). Je ne souhaite pas discuter du contenu (vous pouvez lire l’article en cliquant sur le titre), mais je souhaite m’attarder sur l’image de la religion qu’il y véhicule. Deux passages de l’éditorial me semblent particulièrement significatifs, ceux où André Pratte écrit:
« Depuis plusieurs années déjà, l’étude des changements climatiques ne donne plus lieu à des débats scientifiques; elle est devenue le champ d’une guerre de religions. Ou bien on «croit» que notre planète se réchauffe en raison de l’activité humaine, ou bien on est un «climatosceptique» »
« Les conclusions simplistes dans un sens ou dans l’autre n’ont pas leur place dans un sujet d’une telle gravité. Il faut donc extirper la science climatique du combat idéologique dans lequel on l’a plongée, autant à gauche qu’à droite. Ainsi, la «pause» dans le réchauffement de la planète constatée entre 1998 et 2013 ne doit pas être niée par ceux qui «croient» aux changements climatiques. Elle ne doit pas non plus être instrumentalisée par les négationnistes. La science doit constater le fait et chercher à l’expliquer, tout simplement. »
Pour André Pratte, si je lis bien, une religion est une idéologie qui instrumentalise les faits, qui réclame de croire aveuglément, qui exige que l’on combatte ceux qui croient différemment. Elle s’oppose à la science qui est un lieu de débats, qui constate les faits et cherche à les expliquer.
Je sais que la vision simpliste d’André Pratte correspond bien à une certaine manière de croire, celle où l’on absolutise ses propres convictions, où l’on s’immunise contre tout ce qui pourrait les remettre en question, où l’on diabolise toutes les autres convictions.
Mais, Dieu merci, elle n’est pas la seule. Il y a une autre manière de croire et de comprendre la religion, celle où l’on a le courage d’admettre que certains faits sont difficilement explicables, où l’on a la folie de poser l’hypothèse de l’existence de Dieu, où l’on a l’honnêteté de soumettre cette hypothèse à l’épreuve des faits, où l’on a la curiosité de confronter son hypothèse avec d’autres hypothèses, où l’on a la modestie de réviser ou d’abandonner son hypothèse quand elle s’avère incapable d’expliquer les faits.
Et c’est ceci que devrait être la religion. Et c’est pour cela que la théologie est une science humaine qui a sa place à l’Université.
excellent billet!
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Merci Nancy.
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