Ce matin, dans mon cours de praxéologie spirituelle, j’invite un étudiant à présenter le devenir personnel d’un-e acteur/trice de la pratique qu’il observe (la messe dans une paroisse haïtienne épiscopalienne du New Jersey). Il nomme un peu spontanément «Jésus». Lorsque je lui demande comment Jésus évolue au cours de la messe, l’étudiant paraît un peu emprunté. Mais je refuse de le laisser tranquille et je propose de réfléchir tous ensemble si Jésus peut changer et, le cas échéant, comment il change pendant la messe/le culte.
Pour nourrir la discussion, je propose, toujours spontanément, ce modèle:
Et je l’explique de la manière suivante:
- Les paroissien-ne-s viennent à la messe/au culte chargés de leurs soucis, de leurs problèmes, de leurs fardeaux, de leurs dettes, de leur péché, etc.
- Réalisant la promesse de Jésus le Christ (« Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi je vous donnerai le repos. » Évangile attribué à Matthieu chapitre 11, verset 28), la messe/le culte permet aux paroissien-ne-s de déposer leurs soucis, leurs problèmes, leurs fardeaux, leurs dettes, leur péché, etc.
- Car c’est Jésus le Christ (désigné par Jean-Baptiste comme « l’agneau de Dieu qui ôte le péché du monde » Évangile attribué à Jean, chapitre 1, verset 29) qui se charge de leurs soucis, de leurs problèmes, de leurs fardeaux, de leurs dettes, de leur péché, etc.
Et je suis plutôt satisfait de ma réponse.
Mais une étudiante me dit son désaccord avec mon modèle et en propose un autre:

Devenirs personnels respectifs des paroissien-ne-s et de Jésus le Christ dans la messe/le culte (modèle 2)
Elle l’explique de la manière suivante:
- Dans la messe, l’Eucharistie (et j’ajoute l’annonce du pardon dans le culte) représente un tournant à partir duquel les soucis, les problèmes, les fardeaux, les dettes, le péché, etc. dont sont chargés les paroissien-ne-s et les soucis, les problèmes, les fardeaux, les dettes, le péché, etc. pris en charge par Jésus le Christ diminuent.
- À la fin de la messe/du culte, et les paroissien-ne-s et le Christ sont déchargés de leurs soucis, de leurs problèmes de leurs fardeaux, de leurs dettes, de leur péché, etc.
Dois-je dire que je préfère son modèle au mien? Ne serait-ce que pour des raisons logiques: il faut bien que Jésus le Christ puisse déposer les soucis, les problèmes, les fardeaux, les dettes, le péché, etc. qu’il prend en charge, s’il doit être sans souci, sans problème, sans fardeau, sans dette, sans péché, etc. au début d’une autre messe/culte. Mais je me pose deux questions:
Jésus le Christ a-t-il besoin de déposer les soucis, les problèmes, les fardeaux, les dettes, le péché, etc. qu’il prend en charge?
Où, à qui, quand, comment, etc. Jésus le Christ peut-il déposer les soucis, les problèmes, les fardeaux, les dettes, le péché, etc. qu’il prend en charge?
P.S. J’ai bien conscience que ma réflexion et ma question sont un peu gratuites et relève peut-être d’une pensée qui n’a pas été entièrement démythologisée. Je prie celles et ceux qui en seraient blessés de m’en excuser. En échange de mes excuses, j’aimerais bien qu’elles/ils m’expliquent comment je pourrais ou devrais réfléchir cette double question des devenirs des paroissien-ne-s et de Jésus le Christ dans la messe/le culte.
Bob Ekblad dans son livre « lire la Bible avec les exclus » pose un axiome dès les premières pages : Dieu est présent dans le chaos et l’Esprit agissant transforme le tohu va bohu en l’homme comme il a transformé celui qui était « au commencement ».
Qui peut dire comment Dieu, dans la communion d’amour trinitaire, prend et dépose le bric à brac intérieur que nous lui remettons ? Je dirais que c’est l’amour qui reçoit et transforme tout ce qui en nous est destructeur. Cela implique une interactivité entre Lui et nous.
Votre question déplace et va faire son chemin un bout de temps encore. Merci !
J’aimeJ’aime
Bonjour,
J’ai attendu de retrouver mes étudiant-e-s pour vous répondre. Aujourd’hui, je leur fait découvrir votre commentaire. Nous l’avons trouvé très pertinent et nous avons apprécié que vous fassiez une suggestion de lecture.
Votre commentaire nous a emmenés du côté de la notion de « recyclage »: Jésus le Christ ne porte pas comme un fardeau « le bric-à-brac intérieur que nous lui remettons », mais il le recycle et nous le redonne pour que nous puissions l’utiliser pour le bien, pour le mieux.
Avec mes salutations et mes remerciements
Olivier Bauer
J’aimeJ’aime