Le lundi matin, je donne mon cours Introduction au christianisme, et hier, j’abordais le thème de la Bible. Sans vouloir trahir des secrets (ce qui se passe en classe doit rester en classe), j’ai envie de partager trois moments: un sourire, une découverte, un débat.

• Un sourire quand, juste avant le cours, un étudiant me dit, textuellement: « La Bible, c’est une bonne idée, mais il faudrait complètement la réécrire ».
• Une découverte quand plusieurs étudiantes se mettent ensemble pour exploiter l’image de la lune que je leur montre (illustrant le proverbe « Quand le sage montre la lune du doigt, l’imbécile regarde le doigt », elle doit leur faire comprendre que la Bible a pour fonction de désigner Dieu). Mais elles, elles vont beaucoup plus loin. Elles m’enseignent que, comme la lune, la Bible peut éclairer notre chemin; que, comme la lune, la Bible possède aussi une face obscure; et que, comme la lune, la Bible reflète une lumière venue d’ailleurs.
• Un débat quand un étudiant me retient après le cours. Puisque j’affirme que la Torah n’a pas été écrite par Moïse, me demande-t-il, est-ce que je considère que Jésus a menti lorsqu’il la lui attribue (multiples références, dont dans l’Évangile attribué à Luc, chapitre 24, verset 44). Est-ce que j’accuse donc Jésus d’avoir péché? Évitant de discuter du lien entre mensonge et péché (c’est plutôt prétendre être capable de toujours dire la vérité qui me semble relever du péché), je lui réponds que si Jésus a été un vrai homme, alors, oui, il a pu mentir et il a même pu pécher. Mais, en l’occurrence, il n’a pas menti, mais il s’est simplement trompé. Et de bonne foi, puisque tout juif à cette époque pensait que les cinq premiers livres de la Bible avait été écrits de la main de Moïse, et qu’il faudra attendre encore presque 1800 ans, pour que s’impose à (presque tous) l’idée que Moïse n’est pas l’auteur de la Torah.

Oui, j’aime enseigner la théologie à l’université.