Quand un ami ma dit: «J’ai le CH tatoué sur le cœur», je me suis dit: «C’est une belle métaphore».
Quand le Canadien a refusé que son logo figure dans ma Théologie du Canadien, je me suis dit: «C’est commercial».
Mais quand j’ai appris, par une journaliste de TSN 690, qu’après ses parties, le Canadien recouvrait d’un tapis le logo qui figure dans son vestiaire, de peur que les journalistes ne le piétinent, je me suis dit: «C’est du sacré».
Vous me direz: «Si son logo est si précieux, le Canadien aurait pu le peindre sur un mur ou au plafond». Sauf que non! Ce serait trop simple! Le Canadien utilise une procédure classique en religion. Il fait figurer son logo sur le sol, au centre du vestiaire, là où, justement, on a toutes les chances de marcher dessus. Il met alors à part cet espace, il le sacralise au sens premier du terme. Enfin, il punit, verbalement, financièrement, peut-être parfois physiquement, celles et ceux qui transgressent le tabou. Connaissez-vous un meilleur moyen de montrer la valeur d’un objet?
P.S. Je termine mon article et je me rends compte que le tapis sur le logo fait disparaître le tabou temporairement, le temps des entretiens après les rencontres. Probablement, parce que le tabou serait alors trop difficile à gérer. Mais comme un rebond, ce tapis sur le logo commence à m’intriguer. Car il me paraît indiquer une sorte de pensée magique: ce que l’on ne voit pas n’existerait plus. Ce serait à réfléchir, assurément. Mais je suis théologien, pas psychanalyste.