On sait probablement que le christianisme établit des liens entre le pain et le corps du Christ. Des liens sont aussi divers que les pains utilisés. Jean-Jacques Agbo, un prêtre catholique suisse venu à Montréal pour mener des recherches sur la messe et les six sens, m’apprend que si l’hostie est insipide, c’est pour éviter que l’on n’attribue un goût au Christ. Il me fait réaliser que le protestantisme exprime autrement la même altérité. Il varie les pains: blanc, brun ou noir; de campagne ou brioché; complet ou sans gluten; plat ou levé; de blé, de seigle ou d’épeautre. Sucré-salé, aigre-doux, umami et pimenté, le Christ est toujours ailleurs sur la palette des goûts, sur l’échelle des saveurs.