Résumé des épisodes précédents:
Le professeur Olivier Bauer a décidé de donner un cours de théologie vraiment pratique. Avec les pasteurs de Saint-Laurent Église, il a lancé un défi aux étudiant.e.s de Master: «Transformer les portes en seuils et les seuils en passage» (voir la présentation du cours).
La première semaine, les quatorze étudiant.e.s ont proposé à Saint-Laurent Église sept idées. Trois ont été retenues: créer un chemin qui conduise dans l’église et qui montre dehors ce qui se passe dedans; installer une communauté; organiser des combats de boxe pour symboliser les luttes spirituelles (voir le récit du premier cours).
La deuxième semaine, les étudiant.e.s ont commencé à transformer leur idée en projet. Dans un premier temps, ils ont cherché à savoir si leur idée résistait à l’épreuve de la théologie ou comment ils pouvaient la rendre fidèle à l’Évangile, dans son interprétation réformée, vu le contexte théologique de la Faculté et de Saint-Laurent Église, un cadre large, je vous l’assure… (voir le récit du deuxième cours).
UNIL, bâtiment Anthropole: mardi 19 avril 2016, 9h15.
Le cours commence et j’ai le réflexe de demander aux étudiant.e.s leur actualité en théologie pratique. Deux me disent avoir prêché récemment, dans le cadre du séminaire d’homilétique que donne ma collègue de l’Université de Genève Élisabeth Parmentier. Après avoir réglé les problèmes informatiques, je donne les consignes (ce cours sera partiellement autogéré) et les étudiant.e.s se réunissent en groupe. Leur mission: mettre en commun les résultats de leurs lectures théologiques et formuler une première version du projet qu’ils présenteront à Saint-Laurent Église (dans deux semaines déjà!). Pendant ce temps, j’accueille Stéphanie Billeter, journaliste à Bonne Nouvelle, le mensuel de l’Église évangélique réformée du canton de Vaud. Elle fait un reportage sur le cours et surtout sur les projets des étudiant.e.s (ce sera à lire dans le prochain numéro). Je lui fais rencontrer deux groupes, dont celui qui a eu le réflexe de m’informer par courriel de l’endroit où il travaillait (remarquez, c’est le premier endroit où je les aurais cherché.e.s!).
UNIL, bâtiment Anthropole: 11h30.
Tout semble rouler, tout semble sous contrôle. Mais tout à coup, la discussion s’anime à ma grande surprise. Elle s’anime autour des sept thèses que j’ai tirées d’un livre du pasteur et théologien vaudois Virgile Rochat (lire son portrait dans le quotidien suisse 24 Heures): Rochat, V. (2012). Le temps presse ! : réflexions pour sortir les Églises de la crise (Labor et Fides). Genève. Je pensais qu’elles feraient consensus. Ce n’est pas, mais alors pas du tout! Pour que vous puissiez vous faire une idée, je vous propose le même exercice qu’aux étudiant.e.s. Répondez au sondage, votre avis m’intéresse aussi!
«Dans son ouvrage, Virgile Rochat, indique en sept points ce que des Églises qui se voudraient publiques devraient offrir à la société. Non pas simplement pour continuer à exister, mais parce que «dans la pluralité des offres religieuses présentes dans notre société, et parmi elles, il est important que demeurent vivantes et accessibles…» (pages 10-11). Quelles sont les trois offres qui vous paraissent les plus importantes à la fois pour l’Église et pour la société?
J’étais tellement convaincu que les étudiant.e.s seraient en accord avec ces thèses que je n’avais pas même pensé leur demander s’ils/elles étaient en désaccord avec l’une, l’autre ou toutes les thèses. Et pourtant, les critiques sont sévères et profondes (je vous avais prévenu.e.s: « l’interprétation réformée de l’Évangile » s’inscrit dans un large cadre!). Un peu désemparé, je suis sauvé par la pause de midi. Ouf de soulagement, repos, répit.
UNIL, bâtiment Anthropole: 13h15.
C’est l’heure pour le professeur d’apporter sa contribution. Aujourd’hui, elle porte sur les autorités en théologie pratique. Il y a la Bible bien sûr, surtout en contexte protestant; mais il y a aussi la (ou les) tradition(s), c’est-à-dire nos héritages, ceux du christianisme et d’une confession particulière; mais il y a aussi « la raison », tout ce qu’apportent les sciences, les sciences sociales, les sciences humaines, y compris la théologie; mais il y a enfin notre propre expérience, tout ce que nous avons vu, entendu, fait, éprouvé. Mon idée est de faire réfléchir les étudiant.e.s: Comment décidez-vous de faire ce que vous faites? Qu’est-ce qui vous influence? Comment articulez-vous ces différentes autorités? Et comment les hiérarchisez-vous? Je leur propose un exercice et trois réponses classiques. La discussion est vive! L’auriez-vous cru?
UNIL, bâtiment Anthropole: 14h15.
Retour aux trois projets avec une nouvelle question: comment les rendre efficaces dans le contexte des Saint-Laurent Église? Première réponse, logique, évidente: il faut d’abord connaître le contexte de Saint-Laurent Église! Alors, nous dressons la carte conceptuelle du contexte de Saint-Laurent Église.
Nous savons maintenant ce que nous devons savoir. Il faut encore l’apprendre et c’est la dernière étape du troisième cours. Alors, je montre aux étudiant.e.s quelques moyens pour trouver des références pertinentes: livres, articles scientifiques, thèses de doctorat. Et je les laisse trouver les ressources qui pourront leur être utiles.
UNIL, dans mon bureau: 15h40.
Je reçois par courriel les objectifs d’apprentissage de chacun des trois groupes. Certains étudiant.e.s en sont restés à des thématiques encore générales:
- La présence de l’Église dans la ville et le lien social (approche sociologique).
- Enjeux politiques et culturels d’une église au centre de la ville. Héritage (approche historique).
- Développer les notions de rencontre et de dialogue (approche anthropologique.
- Le positionnement de la personne au sein de la communauté ( approche psychologique).
- Marge de manœuvre et mentions légales, fouiller du côté du SIPAL (Service immeubles, patrimoine et logistique, canton de Vaud).
D’autres ont déjà trouvé des références précises:
- Lacaze Françoise, « Intégration, inclusion, accueil …. Au-delà des mots et des lois, un état d’esprit !», Empan 1/2014 (n° 93) , p. 44-47.
- Joseph Rouzel (2015, 2ème édition). La supervision d’équipes en travail social. Collection: Santé Social, Dunod: 304 p.
- Et les films Rocky 1-3.
Mardi 26 avril, les étudiant.e.s pourront partager ce qu’ils auront appris.
Et rendez-vous sur mon blogue pour le compte-rendu du quatrième cours: mercredi 27 avril.