Un entretien sur la gourmandise pour la radio suisse Couleur 3 (émission La Suisse dévisse) me donne l’envie et l’occasion d’en parler sur mon blogue.
Un Catholique gourmand est un pécheur. Et c’est ce qui a inspiré au célèbre boulanger français Lionel Poilâne (1935-2002) et à ses amis, l’idée de demander au pape – non plutôt de le supplier – de remédier à cet état de fait. Et d’écrire cette lettre ouverte:
« Parce que ni l’histoire ni l’étude des mœurs n’apportent la preuve que le gourmand ne saurait s’arrêter de manger…
Parce que ni la conscience populaire, ni la littérature, ni l’étude sociologique n’apportent la preuve que le gourmand ignorerait le partage…
Parce que ni la religion, ni la philosophie n’apportent la preuve que le gourmand, dans ses pratiques, affecterait les valeurs humaines ou familiales…
Et parce qu’enfin, dans ses œuvres pacifistes, le gourmand, supposé “bon”, fait triompher la qualité sur la quantité…
Avec humilité, nous vous demandons, très saint Père, sachant que la suppression du septième péché est inconcevable, de modifier sa traduction dans la langue française…
Aussi la présente nous incite à vous suggérer la substitution, dans le texte français du mot “gourmandise” par “gloutonnerie”. »
On attend encore la réponse du pape ou des papes, puisqu’il y en a eu déjà trois depuis cette date…
En attendant, déclarons heureux les Protestant.e.s, ont remplacé les sept péchés capitaux par les dix commandements. Car si ceux-ci condamnent l’idolâtrie, prescrivent de respecter le sabbat, interdisent le meurtre, l’adultère, le vol, le faux témoignage (entre autres), ils n’évoquent pas, ils n’évoquent jamais la nourriture. En adoptant les dix commandements, les Protestant.e.s ont ainsi refusé de faire de la gourmandise un péché, qu’il soit véniel ou capital!
- Lire aussi sur mon blogue: Comment la gourmandise est devenue un péché… [Gourmandise 1/2]
Pour mémoire, voici les dix commandements selon le chapitre 20 du livre de l’Exode (il en existe une autre version dans le chapitre 5 du livre du Deutéronome):
1Alors Dieu prononça toutes ces paroles : 2Je suis le SEIGNEUR (YHWH), ton Dieu ; c’est moi qui t’ai fait sortir de l’Égypte, de la maison des esclaves. 3Tu n’auras pas d’autres dieux devant moi. 4Tu ne te feras pas de statue, ni aucune forme de ce qui est dans le ciel, en haut, de ce qui est sur la terre, en bas, ou de ce qui est au-dessous de la terre, dans les eaux. 5Tu ne te prosterneras pas devant ces choses-là et tu ne les serviras pas ; car moi, le SEIGNEUR (YHWH), ton Dieu, je suis un Dieu à la passion jalouse, qui fais rendre des comptes aux fils pour la faute des pères, jusqu’à la troisième et la quatrième génération de ceux qui me détestent, 6mais qui agis avec fidélité jusqu’à la millième génération envers ceux qui m’aiment et qui observent mes commandements. 7Tu n’invoqueras pas le nom du SEIGNEUR (YHWH), ton Dieu, pour tromper : le SEIGNEUR ne tiendra pas pour innocent celui qui invoquera son nom pour tromper. 8Souviens-toi du sabbat, pour en faire un jour sacré. 9Pendant six jours tu travailleras, et tu feras tout ton ouvrage. 10Mais le septième jour, c’est un sabbat pour le SEIGNEUR, ton Dieu : tu ne feras aucun travail, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni tes bêtes, ni les immigrés qui sont dans tes villes. 11Car en six jours le SEIGNEUR a fait le ciel, la terre, la mer et tout ce qui s’y trouve, et il s’est reposé le septième jour. C’est pourquoi le SEIGNEUR a béni le sabbat et en a fait un jour sacré. 12Honore ton père et ta mère, afin que tes jours se prolongent sur la terre que le SEIGNEUR, ton Dieu, te donne. 13Tu ne commettras pas de meurtre. 14Tu ne commettras pas d’adultère. 15Tu ne commettras pas de vol. 16Tu ne porteras pas de faux témoignage contre ton prochain. 17Tu ne convoiteras pas la maison de ton prochain ; tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf, ni son âne, ni rien de ce qui appartient à ton prochain.