Pour alimenter le cours « Alimentation et spiritualité » que je donne à l’EPFL ce printemps, je propose chaque mardi (à l’heure où je commence le cours) un épisode de la vie de Nicole Rognon, une protestante vaudoise qui cuisine aussi comme elle croit.
Mais qu’est-ce que je vais pouvoir leur faire à manger ?
Nicole Rognon n’avait pas réfléchi avant d’accepter de cuisiner le repas œcuménique servi à l’occasion du carême. Elle avait eu tort. Sa pasteure l’avait pourtant prévenue : ce serait le carême et les convives viendraient de toutes les communautés chrétiennes de la ville. Ce qu’elle n’avait pas anticipé c’est que ces communautés étaient aussi diverses. Et qu’elles avaient autant de restrictions alimentaires.
Elle-même ne croit pas que sa foi doit lui dicter ce qu’elle doit manger. Deux versets bibliques la confortent dans son opinion. Une parole attribuée à Jésus : « Ne savez-vous pas que tout ce qui pénètre dans la bouche passe dans le ventre, puis est rejeté dans la fosse ? » (Évangile de Matthieu chapitre XV, verset 17) et une réflexion de Paul : « Ce n’est pas un aliment qui nous rapprochera de Dieu : si nous n’en mangeons pas, nous ne prendrons pas de retard ; si nous en mangeons, nous ne serons pas plus avancés. » (Première lettre de Paul aux Corinthiens chapitre VIII, verset 8). Mais, en bonne protestante, Nicole Rognon prône le respect d’autrui. S’il lui faut s’adapter, elle s’adaptera.
Alors, elle se renseigne. Elle sait que les catholiques ont plus de règles que les protestants. Chez son amie Maria, on ne mangeait jamais ni viande ni produit animal entre le Mercredi des Cendres et le dimanche de Pâques (sept semaines de carême pour les catholiques, mais seulement quarante jours, puisque les dimanches ne comptent pas). Elle apprend que les orthodoxes en font un peu plus. Elle découvre que les protestant·e·s ne mangent pas toujours de tout ; elle se souvient qu’elle en a déjà fait l’expérience. Dans une église méthodiste, elle a dû communier avec du jus de raisin, l’alcool étant, elle cite, « aussi dangereux qu’une vipère ». Mais elle n’aurait jamais imaginé que certain·e·s protestant·e·s appliquent les règles de l’Ancien Testament : les darbystes refusent de consommer du sang ; des adventistes s’abstiennent de viande de porc. Et l’Église de Jésus Christ des Saints des Derniers Jours interdit de boire du thé, du café et plus généralement tous les excitants (mais les mormons ne sont pas invités au repas, ce qui lui fait un souci en moins).
Nicole Rognon sait maintenant tout ce qu’elle peut savoir pour que tou·te·s les chrétien·ne·s puissent manger. Mais quel menu va-t-elle proposer pour ce repas œcuménique de carême ?
Je serais heureux de recevoir vos propositions; vous pouvez les partager à l’aide de l’outil « Poster un commentaire » ci-dessous.
- Mardi 7 mars à 15h00: « Nicole Rognon cuisine en contexte musulman. »
Épisodes parus:
- Nicole Rognon cuisine aussi comme elle croit.
- Nicole Rognon cuisine en chrétienne.
- Nicole Rognon cuisine en contexte musulman.
- Nicole Rognon aménage une cuisine pour qu’un couple juif puisse y cuisiner.
- Nicole Rognon cuisine pour les beaux-parents hindous de son fils.
- Nicole Rognon reçoit une leçon de cuisine bouddhiste.
- Nicole Rognon s’adapte à la cuisine végane.
- Nicole Rognon découvre qu’elle cuisine autrement.
- Nicole Rognon arrête de manger et de cuisiner.
- Nicole Rognon transmet de quoi manger en suisse.
- Nicole Rognon laisse Jean-Jacques cuisiner pour la Saint-Valentin.
- Nicole Rognon cherche un menu qui plaise à tout le monde.
- Nicole Rognon mange comme une déesse et Jean-Jacques comme un dieu.