Pour alimenter le cours « Alimentation et spiritualité » que je donne à l’EPFL ce printemps, je propose chaque mardi (à l’heure où je commence le cours) un épisode de la vie de Nicole Rognon, une protestante vaudoise qui cuisine aussi comme elle croit.
Mais comment je vais pouvoir cuisiner là-bas ?
Même nourrie de quelques préjugés sur l’islam, la question de Nicole Rognon n’est pas illégitime ; avec Jean-Jacques, ils passeront un mois dans un appartement de location en Algérie ; et c’est elle qui fera la cuisine ! Dans un premier temps, elle s’est désolée : ils ne trouveraient rien à manger ; dans un deuxième temps, elle s’est rassurée : elle allait tout emporter depuis la Suisse ; dans un troisième temps, en bonne protestante, Nicole Rognon a décidé d’aller à la rencontre de l’autre ; et quoi de mieux que la cuisine pour se rencontrer ? En contexte musulman, ils mangeront donc comme les musulmans ! Le principe est beau ; mais il faut encore pouvoir le mettre en pratique. Que pourra-t-elle acheter ? Comment pourra-t-elle cuisiner ? Il lui faut découvrir l’impact de l’islam sur les pratiques alimentaires.
Elle connaissait déjà le terme « halal » ; elle apprend qu’il signifie « licite » ; elle découvre aussi qu’en islam, tout n’est pas blanc ou noir ; qu’il y a aussi des nourritures détestables, douteuses, neutres, préférables et obligatoires ; que les restrictions portent sur l’alcool et sur la viande ; que le Coran prescrit : « Voici ce qui vous est interdit : la bête morte, le sang, la viande de porc ; ce qui a été immolé à un autre que Dieu ; la bête étouffée, ou morte à la suite d’un coup, ou morte d’une chute, ou morte d’un coup de corne, ou celle qu’un fauve a dévorée – sauf si vous avez eu le temps de l’égorger – ou celle qui a été immolée sur des pierres » (Le Coran, « La Table Servie », sourate V) ; qu’abattre un animal n’est pas un geste anodin mais un sacrifice, ce qui explique qu’il faille tourner la bête vers La Mecque et prononcer une bénédiction ; que pour être comestible, un animal doit être bien traité jusqu’à l’abattage, qu’il doit être privé en même temps de son sang et de son souffle ; ce qui explique qu’on tranche du même geste sa veine jugulaire et sa trachée.
Et quand elle comprend que leur séjour se terminera alors que le Ramadan aura déjà commencé, elle se dit que ça ne fera pas de mal à Jean-Jacques de jeûner entre l’aube et le coucher du soleil ; et elle espère que ses voisines l’inviteront à rompre le jeûne, en partageant le repas de l’Iftar.
Nicole Rognon sait maintenant tout ce qu’elle peut savoir pour que des chrétien•ne•s suisses puissent manger en contexte musulman. Mais quels menus va-t-elle cuisiner pour ses repas dans un contexte musulman ?
Je serais heureux de recevoir vos propositions; vous pouvez les partager à l’aide de l’outil « Poster un commentaire » ci-dessous.
- Mardi 14 mars à 15h00: « Nicole Rognon aménage une cuisine pour qu’un couple juif puisse y cuisiner. »
Épisodes parus:
- Nicole Rognon cuisine aussi comme elle croit.
- Nicole Rognon cuisine en chrétienne.
- Nicole Rognon cuisine en contexte musulman.
- Nicole Rognon aménage une cuisine pour qu’un couple juif puisse y cuisiner.
- Nicole Rognon cuisine pour les beaux-parents hindous de son fils.
- Nicole Rognon reçoit une leçon de cuisine bouddhiste.
- Nicole Rognon s’adapte à la cuisine végane.
- Nicole Rognon découvre qu’elle cuisine autrement.
- Nicole Rognon arrête de manger et de cuisiner.
- Nicole Rognon transmet de quoi manger en suisse.
- Nicole Rognon laisse Jean-Jacques cuisiner pour la Saint-Valentin.
- Nicole Rognon cherche un menu qui plaise à tout le monde.
- Nicole Rognon mange comme une déesse et Jean-Jacques comme un dieu.