Pour alimenter le cours « Alimentation et spiritualité » que je donne à l’EPFL ce printemps, je propose chaque mardi (à l’heure où je commence le cours) un épisode de la vie de Nicole Rognon, une protestante vaudoise qui cuisine aussi comme elle croit.
Mais qu’est-ce que je vais pouvoir lui faire à manger ?
Nicole Rognon est sous le choc ; sa fille Mélissa vient de lui annoncer qu’elle est devenue végane ; plus exactement, elle serait sous le choc si elle savait ce que le mot signifie. Mais en bonne mère, Nicole a une prédisposition à l’écoute ; elle écoute donc sa fille lui expliquer les différences : les végétarien•ne•s ne mangent pas d’animaux ; les végétalien•ne•s ne mangent pas non plus de produits issus des animaux : œufs, miel, lait ; les véganes refusent d’utiliser quoi que ce soit qui vienne d’un animal, sa chair, sa peau, sa fourrure ou sa laine ; ils refusent aussi que l’on fasse travailler des animaux et dénoncent même la possession d’animaux de compagnie.
Nicole Rognon aime les animaux ; mais elle pense que les êtres humains ont le droit d’utiliser les animaux pour leur profit, pour leur bien-être ; Mélissa fait plus qu’aimer les animaux ; elle croit que tous les êtres vivants sont égaux, humains ou animaux ; la maman comprend que sa fille l’accuse de « spécisme », une hiérarchisation des êtres vivants, une discrimination par l’espèce ; une manière de penser que Mélissa juge aussi mauvaise que le racisme, le sexisme ou l’âgisme ; Nicole Rognon trouve que sa fille va un peu loin ; mais en bonne protestante, elle aime les esprits libres ; et puis, sa fille est sa fille ; et puis, sa fille la fait réfléchir.
Fondamentalement, elle ne lui donne pas tort ; c’est vrai qu’elle est spéciste ; pour des raisons théologiques : la Genèse fait dire à Dieu : « Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance, et qu’il soumette les poissons de la mer, les oiseaux du ciel, les bestiaux, toute la terre, toutes les petites bêtes qui remuent sur la terre ! » (Livre de la Genèse, chapitre I, verset 26) ; et pour des raisons pratiques : pour elle un repas, c’est de la viande ou du poisson avec un accompagnement ; le plus loin qu’elle aille, c’est la même chose en version végétarienne : du fromage ou des œufs avec une garniture. Mais toujours des protéines animales, sauf sa fameuse soupe de légumes, mais alors sans crème, sauf ses pâtes à l’ail et à l’huile d’olive, mais alors sans parmesan. Fondamentalement, elle ne lui donne pas tort ; c’est vrai qu’elle trouve de moins en moins légitime de vivre aux dépens des animaux ; pour des raisons morales, pour des raisons écologiques et pour des raisons de santé.
Nicole Rognon sait maintenant tout ce qu’elle peut savoir pour cuisiner sans exploiter les animaux. Mais quels menus véganes va-t-elle cuisiner pour Mélissa ?
Je serais heureux de recevoir vos propositions; vous pouvez les partager à l’aide de l’outil « Poster un commentaire » ci-dessous.
- Mardi 11 avril à 15h00: « Nicole Rognon découvre qu’elle cuisine autrement. »
Épisodes parus:
- Nicole Rognon cuisine aussi comme elle croit.
- Nicole Rognon cuisine en chrétienne.
- Nicole Rognon cuisine en contexte musulman.
- Nicole Rognon aménage une cuisine pour qu’un couple juif puisse y cuisiner.
- Nicole Rognon cuisine pour les beaux-parents hindous de son fils.
- Nicole Rognon reçoit une leçon de cuisine bouddhiste.
- Nicole Rognon s’adapte à la cuisine végane.
- Nicole Rognon découvre qu’elle cuisine autrement.
- Nicole Rognon arrête de manger et de cuisiner.
- Nicole Rognon transmet de quoi manger en suisse.
- Nicole Rognon laisse Jean-Jacques cuisiner pour la Saint-Valentin.
- Nicole Rognon cherche un menu qui plaise à tout le monde.
- Nicole Rognon mange comme une déesse et Jean-Jacques comme un dieu.