Pour alimenter le cours « Alimentation et spiritualité » que je donne à l’EPFL ce printemps, je propose chaque mardi (à l’heure où je commence le cours) un épisode de la vie de Nicole Rognon, une protestante vaudoise qui cuisine aussi comme elle croit.
Mais tu ne comprends pas que j’ai besoin de faire une pause ?
Cette année pour la première fois, Nicole Rognon s’est inscrite à une semaine de jeûne guidé ; et Jean-Jacques ne le digère pas. Quand il lui a dit : « En quel Dieu crois-tu pour que tu penses qu’il apprécie les sacrifices ? », elle a compris qu’il s’inquiétait pour sa santé spirituelle ; quand il lui a dit : « Mais tu risques de tomber malade ! », elle a compris qu’il s’inquiétait pour sa santé physique ; mais quand il lui a dit : « Quelle faute veux-tu expier ? », c’est elle qui s’est inquiétée pour la santé psychique de son mari.
Cela fait plus de trente ans que Nicole Rognon répond par des repas variés à la question lancinante de toute la famille : « Qu’est-ce qu’on mange ? » ; cela fait plus de trente ans que chaque jour, elle se demande ce qu’elle va faire à manger ; que chaque jour, elle planifie des menus ; que chaque jour, elle se procure le nécessaire ; que chaque midi et chaque soir, elle prépare des repas.
Aujourd’hui, elle a besoin de faire une pause ; et quoi de mieux que le jeûne pour éviter de penser à manger, à cuisiner ? Elle ne fait de son jeûne ni un sport extrême, ni une pénitence. Elle aimerait que sa semaine de jeûne l’aide à se retrouver elle-même ; qu’elle lui nettoie la tête : elle ne veut plus avoir à penser au prochain repas, à réfléchir sur ce qu’elle pourra cuisiner, à choisir des menus, à savoir qui mangera et qui ne mangera pas, à vérifier que l’heure du repas convienne au plus grand nombre, à planifier des cuissons pour que tout soit prêt en même temps ; elle veut simplement vivre et se laisser vivre. Elle aimerait que sa semaine de jeûne l’aide à redécouvrir son corps : savoir discerner ses besoins, savoir les distinguer de ses envies, pouvoir repérer les signes de la faim, de l’appétit, apprendre à vivre en toute simplicité. Elle aimerait que sa semaine de jeûne l’aide à rejoindre les autres : partager le sort de celles et ceux qui jeûnent avec elle ; partager, au moins un peu le sort de celles et ceux qui ont faim, pour qui le jeûne n’est pas un choix mais une obligation. Elle aimerait encore, mais ça, elle ne le dira pas à Jean-Jacques, que sa semaine de jeûne l’aide à se situer devant l’essentiel (avec ou sans majuscule). Elle ne croit pas que le jeûne, la privation, la souffrance rendent meilleur ; mais elle est convaincue que « ventre affamé a de bonnes oreilles », que la simplicité, le dénuement et le calme vont l’aider à percevoir ce qu’est l’essentiel.
Nicole Rognon sait maintenant tout ce qu’elle peut savoir pour jeûner. Mais comment va-t-elle jeûner pour ne pas mettre sa santé en danger ?
Je serais heureux de recevoir vos propositions; vous pouvez les partager à l’aide de l’outil « Poster un commentaire » ci-dessous.
- Mardi 2 mai à 15h00: « Nicole Rognon transmet de quoi manger en suisse. »
Épisodes parus:
- Nicole Rognon cuisine aussi comme elle croit.
- Nicole Rognon cuisine en chrétienne.
- Nicole Rognon cuisine en contexte musulman.
- Nicole Rognon aménage une cuisine pour qu’un couple juif puisse y cuisiner.
- Nicole Rognon cuisine pour les beaux-parents hindous de son fils.
- Nicole Rognon reçoit une leçon de cuisine bouddhiste.
- Nicole Rognon s’adapte à la cuisine végane.
- Nicole Rognon découvre qu’elle cuisine autrement.
- Nicole Rognon arrête de manger et de cuisiner.
- Nicole Rognon transmet de quoi manger en suisse.
- Nicole Rognon laisse Jean-Jacques cuisiner pour la Saint-Valentin.
- Nicole Rognon cherche un menu qui plaise à tout le monde.
- Nicole Rognon mange comme une déesse et Jean-Jacques comme un dieu.