Négociez avec Abraham ! (bonus)

Dans le livre de la Genèse, Abraham est impliqué dans l’histoire de la destruction de Sodome et Gomorrhe. Quand Dieu décide de détruire les deux villes, avant même que Sodome ait commis de faute (elle n’est mentionnée qu’en Genèse 19,4 et pourrait aussi bien être l’homosexualité que le viol de l’hospitalité) et sans même que Gomorrhe n’ait commis la moindre faute, il en parle à Abraham.

« Le SEIGNEUR dit : “La plainte contre Sodome et Gomorrhe est si forte, leur péché est si lourd que je dois descendre pour voir s’ils ont agi en tout comme la plainte en est venue jusqu’à moi. Oui ou non, je le saurai.” Les hommes se dirigèrent de là vers Sodome. Abraham se tenait encore devant le SEIGNEUR, il s’approcha et dit : “Vas-tu vraiment supprimer le juste avec le coupable ? Peut-être y a-t-il cinquante justes dans la ville ! Vas-tu vraiment supprimer cette cité, sans lui pardonner à cause des cinquante justes qui s’y trouvent ? Ce serait abominable que tu agisses ainsi ! Faire mourir le juste avec le coupable ? Il en serait du juste comme du coupable ? Quelle abomination ! Le juge de toute la terre n’appliquerait-il pas le droit ?” Le SEIGNEUR dit : “Si je trouve à Sodome cinquante justes au sein de la ville, à cause d’eux je pardonnerai à toute la cité.”

Abraham reprit et dit : “Je vais me décider à parler à mon Seigneur, moi qui ne suis que poussière et cendre. Peut-être sur cinquante justes en manquera-t-il cinq ! Pour cinq, détruiras-tu toute la ville ?” Il dit : “Je ne la détruirai pas si j’y trouve quarante-cinq justes.”.

Abraham reprit encore la parole et lui dit : “Peut-être là s’en trouvera-t-il quarante !” Il dit : “Je ne le ferai pas à cause de ces quarante.”.

Il reprit : “Que mon Seigneur ne s’irrite pas si je parle ; peut-être là s’en trouvera-t-il trente !” Il dit : “Je ne le ferai pas si j’y trouve ces trente.”.

Il reprit : “Je vais me décider à parler à mon Seigneur : peut-être là s’en trouvera-t-il vingt !” Il dit : “Je ne détruirai pas à cause de ces vingt.”.

Il reprit : “Que mon Seigneur ne s’irrite pas si je parle une dernière fois : peut-être là s’en trouvera-t-il dix !” – “Je ne détruirai pas à cause de ces dix.”

Le SEIGNEUR partit lorsqu’il eut achevé de parler à Abraham et Abraham retourna chez lui. »

Genèse 18, 20-33

Notes de lecture

  1. Le texte montre que Dieu est ouvert au dialogue.
  2. Le texte montre que Dieu est un être logique.
  3. Le texte montre qu’Abraham peut discuter avec Dieu.
  4. Le texte montre que Dieu aime mieux passer pour un pigeon que pour un méchant.

J’ajoute immodestement que, si Abraham m’avait demandé de le conseiller dans cette affaire, je suis certain que j’aurais obtenu la grâce de Sodome et Gomorrhe ! Comment ? Cherchez et vous trouverez !


6 commentaires

    1. Bonjour,
      Ce n’est pas en ce Dieu que je crois, mais je ne peux pas ignorer que la Bible parle – aussi – d’un tel Dieu. Vous me demandez: « et après? ». Je pense que la réponse à la question de mon blogue dit quelque chose de cette suite.
      Avec mes meilleures salutations

  1. Il finit par sauver les justes. Mais telle n’était pas sa première intention.

    Ce qui est, effectivement, une invitation lancée aux hommes non pas à négocier mais à dire ce qu’ils pensent et ressentent.

    1. Bonjour,
      Je vous remercie de votre commentaire. J’aime votre formulation. Et, en même temps, je maintient que la Bible présente l’interaction d’Abraham avec Dieu sur le mode de la négociation. Ce qui pour moi reste intrigant.
      Bonne journée.

      1. intrigant? pour moi aussi… Donc quelque chose que je n’ai pas encre saisi..
        Et après? Qu’en pensent les lecteurs d’aujourd’hui, traités d’homo »‘? Un texte qui justifie leur condamnation et même la mise à morts, ou bien une ouverture, l’affirmation (de la part de Dieu) de leur droit à exister? Et les « justes », qui sont-ils? Que font-ils? J’aime lire la bible en termes de vie concrète et me laisser aussi entendre ce qu’elle dit aux « non-croyants » d’aujourd’hui.

      2. Bonjour,
        Je crois que Dieu aime toutes personnes sans exception, quelles que soient leur genres ou leur préférences sexuelles. C’est bien pourquoi j’ai signalé qu’il est possible de comprendre que les habitants de Sodome sont punis parce qu’ils vont trahir les règles de l’hospitalité. Ce qui me paraît bien plus fondamental que les préférences sexuelles et qui relativise la notion de « juste ». Mais ceux qui ont écrit la Genèse pensaient que l’homosexualité était un péché; et ceux qui ont inclus ce texte dans la Bible le pensaient aussi. De mon point de vue, ils avaient tort. Mais quand je lis la Bible, je dois aussi lire ce texte. Même si je ne l’apprécie pas.
        Avec mes amitiés,
        Olivier

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