On gagne toujours à participer au culte. Moi, j’y nourris ma foi et j’y réfléchis sur ma foi (ce qui est une façon de la nourrir).
Dimanche dernier, j’ai entendu un prédicateur prêcher sur « la parabole des ouvriers de la onzième heure » et affirmer que cette parabole n’est pas politique, puisqu’elle est introduite par la phrase « Le royaume de Dieu est semblable à… ».
Il est peut-être nécessaire de rappeler le contenu de cette parabole : elle raconte l’histoire d’ouvriers viticoles engagés à des heures différentes, mais tous payés au même salaire ; elle raconte la déception des journaliers ayant travaillé toute la journée et recevant la même somme que ceux engagés le soir, à la « onzième heure » ; elle raconte la liberté d’un patron qui revendique le droit de se montrer généreux, parce qu’il « fait ce qu’il veut de son argent » (évangile de Matthieu, chapitre 20, versets 1-16)
On peut spiritualiser cette parabole et limiter son message aux relations entre Dieu et les êtres humains: Dieu est bon puisqu’il fait grâce plutôt que de rétribuer chacun·e selon ses mérites. Mais il est évident que cette parabole est aussi et surtout politique.
- Elle est politique parce qu’elle suggère qu’il est évangéliquement juste de permettre à chacun·e de vivre, sans tenir compte du travail effectué. Elle est politique, car elle demande à celles et ceux qui suivent Jésus de contribuer à mettre en place une société fondée sur ce principe. Elle est politique, car elle suggère que c’est ça, que c’est là le Royaume de Dieu. Moi, pendant toute la prédication, j’ai pensé au revenu universel ; et je n’étais pas le seul : à l’issue du culte, une dame m’a spontanément parlé du chômage partiel.
- Mais cette parabole soulève encore une autre question tout aussi politique, moins évidente, en tous les cas moins discutée : le patron a-t-il vraiment le droit de faire ce qu’il veut de son argent ? La parabole pousse à répondre « oui », parce qu’il l’utilise généreusement ; mais politiquement, il faut répondre « non ». Le patron a des obligations : dans la parabole, il doit payer aux ouvriers engagés les premiers le salaire convenu avec eux ; plus généralement, il doit, par exemple, payer des impôts. Le patron dispose seulement du reste et la parabole justifie seulement qu’il utilise ce reste pour le bien.
On gagne toujours à participer au culte. Dimanche dernier, c’est d’engagement politique que ma foi a été nourrie.
- Mon collègue Simon Butticaz, professeur de Nouveau Testament et traditions chrétiennes anciennes à l’Université de Lausanne, évoque l’engagement de Jésus en faveur des artisans et paysans dans le chapitre qu’il a rédigé pour l’ouvrage collectif Esprit du vin, Esprit divin.
Le patron a utilisé son argent en faveur des ouvriers de la 11e heure en faisant acte de générosité. Demander le revenu universel, c’est demander aux autres (sous-entendu : les plus riches que moi) de donner plus aux défavorisés, c’est à mon avis très facile d’être généreux de cette façon.
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Bonjour Jacques,
Je vous remercie de votre commentaire. Je ne suis pas d’accord avec vous. Ce n’est pas demander aux autres d’être généreuses et généreux, c’est nous demander à nous-mêmes de nous montrer justes. Ce qui, je l’admets, n’est pas si facile, et d’abord pour moi.
Avec mes amitiés, Olivier
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Oh ! C’est passionnant, cette histoire.
D’autant plus que, même en ayant entendu parlzr, je n’avais jamais ni lu dans le texte, ni compris, ni cherché à comprendre, d’ailleurs, cette parabole.
Je vais m’y mettre.
Merci !
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