Pour le vernissage de l’ouvrage collectif Clinique du sens, on me demande de préciser ce qu’est la cure d’âme en théologie protestante. Je le fais en quatre images, à peine commentée.
La tradition théologique protestante opposait traditionnellement la religion comme projection humaine et la Révélation de Dieu qui se fait connaître en Jésus.

Le développement de la spiritualité oblige à redéfinir la religion. On peut les opposer, en nommant « religion » ce qui postule l’existence d’un Dieu et « spiritualité » ce qui s’en passe.

J’aurais plutôt tendance à faire du christianisme une forme particulière de religion et de la religion une forme particulière de spiritualité.

Ce qui fait de la « cure d’âme » (un synonyme de psychothérapie) protestante une forme chrétienne, donc religieuse, de soins spirituels.

On me demande encore quelle place reconnaître à Dieu dans les soins spirituels.
Pour moi Dieu n’a pas de place. Il est un mot. Il est le nom que certaines personnes francophones donnent à leur expérience qu’il y a quelque chose de plus que la réalité. Cette expérience peut être diverse. On l’appelle chrétienne pour celles et ceux qui donnent à Dieu le nom de Jésus-Christ. Comme toutes les relations, la relation à Dieu peut être mortifère ou vivifiante. Une relation à Dieu mortifère se reconnaît à une relation mortifère à soi, aux autres et au monde. Une relation à Dieu mortifère nécessite des soins, une « cure d’âme ». En christianisme, elle consiste à rendre la relation à Dieu vivifiante en permettant de nommer Dieu, Jésus Christ.
P.S. Je dois cette conception de la cure d’âme à l’ouvrage du théologien et psychanalyste français Jean Ansaldi (1934-2010, voire sa page sur Wikipédia) Le dialogue pastoral : De l’anthropologie à la pratique. Labor et Fides, 1986 (le livre est épuisé, ce qui est à la fois une bonne est une mauvaise nouvelle).