Depuis le 18 septembre 2021, la Télévision suisse romande diffuse une série parodique en 20 épisodes — un « Kaamelott évangélique suisse » — intitulée La vie de JC :
Le théologien du quotidien décrypte chaque lundi l’intérêt théologique de l’épisode diffusé le samedi précédent (voir la page « La vie de JC »).
« Le possédé » (6 novembre 2021)

« J. C., assisté de Simon et de Pierre, va à la rencontre d’un homme possédé par de multiples démons. De nombreuses voix sortent de sa bouche et ça fait flipper grave. J.C. va ordonner à ces démons de quitter ce corps… Mais pour aller où ? »
Ma vision
Le signe de la possession, ce qui « fout les j’tons », ce sont les nombreuses voix qui parlent à travers le possédé ; les démons sont ici les multiples héros de cinéma qui enchaînent leurs répliques célèbres. JC l’exorcise par la parole et le geste (la recette : dire «esprit impur, au nom du Seigneur, quitte ce corps» en tendant le bras droit, la main ouverte pour saisir les démons puis les lancer vers une cible).
L’ex-possédé veut suivre JC et «dire au monde ce que le Seigneur a fait pour moi». Mais, probablement parce que cet homme a la voix d’une grande bourgeoise (voir le bonus), JC refuse — «on est complet» — et lui recommande de rester chez lui, d’aller en paix… mais de son côté.
L’intérêt théologique ?
- Deux plus
Le JC des évangiles avait le souci de la santé physique, psychosociale et spirituelle. On a même proposé de l’appeler «le Thérapeute» ou «le Guérisseur». Et dans un monde où l’on pensait que la maladie était causée par les démons, il, pratiquait l’exorcisme comme une médecine de pointe.
Il est exact que le JC des évangiles ne souhaite pas que les malades qu’il guérit le fassent savoir. Non pas qu’il ait honte ou qu’il craigne de crouler sous les demandes, mais parce qu’il a peur d’un malentendu ; car il n’est pas tout puissant ; et la fin, le héros meurt (voir le premier épisode). On a même proposé de l’appeler « le Guérisseur blessé ».
- Un moins
À titre de professeur de théologie qui m’intéresse à l’alimentation, je me permets de dire au scénariste que la carpe et la perche ne sont pas des animaux impurs, selon les lois de la cacherout, puisqu’ils ont des nageoires et des écailles. La carpe est même un mets de choix dans la cuisine juive.
Le bonus
Quand j’ai lu que le possédé était joué par Joseph Gorgoni, j’ai mis un nom sur la voix naturelle, la voix féminine, avec laquelle il parle après l’exorcisme. C’est celle de son personnage de scène, Marie-Thérèse Porchet née Bertholet (voir son spectacle La truie est en toi sur YouTube ; lire sa biographie sur Wikipédia). Petit clin d’œil entre humoristes suisses romands.
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