Pour celles et ceux qui seraient en manque de cène, je propose de commander cette boîte et de la célébrer chez elles et chez eux. L’hygiène est garantie, la communion ne l’est pas.
Sur la cène et le coronavirus, lire aussi sur mon blogue:
Pour celles et ceux qui seraient en manque de cène, je propose de commander cette boîte et de la célébrer chez elles et chez eux. L’hygiène est garantie, la communion ne l’est pas.
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Pourquoi se poser la question? Parce que la cène exige des contacts et que les contacts augmentent les risques de transmettre et de contracter cette maladie.
Pourquoi chercher une réponse? Pour trouver une manière de faire qui respecte la dimension «communion» de la cène, tout en permettant à chaque participant·e de la vivre en paix.
Prédécouper des morceaux de pain en veillant aux conditions d’hygiène; les proposer dans des corbeilles; laisser les communiant·es les prendre.
Remplir des gobelets individuels en veillant aux conditions d’hygiène; les proposer sur un plateau et laisser les communiant.es les prendre; préciser de ne pas boire immédiatement; quand tou·tes sont servi·es, inviter à boire tou·tes ensemble.
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Dans le documentaire Les conquérants de l’espace: Gemini et Apollo diffusé sur France 5 à l’occasion du cinquantième anniversaire du premier alunissage, j’apprends que Buzz Aldrin, le deuxième être humain à poser le pied sur la lune a célébré une cène dans le module lunaire.
Comme j’ignorais totalement cet épisode, je cherche et j’en apprends plus sur le site de la chaîne de télévision History: «Buzz Aldrin Took Holy Communion on the Moon. NASA Kept it Quiet».
J’y trouve la photographie du Communion Kit emporté par l’astronaute :
The communion bag and chalice used by Buzz Aldrin during his lunar communion. (Credit: David Frohman, President of Peachstate Historical Consulting, Inc.)
Et un récit de l’événement dont je traduis quelques passages :
«L’astronaute était aussi un ancien de la Webster Presbyterian Church et, avant de partir pour l’espace en 1969, il reçut une permission spéciale de prendre du pain et du vin avec lui dans l’espace et de se donner la communion à lui-même. […]
Comme les hommes se préparaient pour l’étape suivante de leur mission, Aldrin enclencha le système de communication et s’adressa à l’équipage sur terre: “J’aimerais demander quelques instants de silence”, dit-il. “J’aimerais inviter chaque personne à l’écoute, où et qui qu’il soit à contempler un moment les événements des dernières heures et de dire merci, chacun à sa manière.”
Il prit ensuite le vin et le pain qu’il avait apporté dans l’espace — les premières nourritures jamais servies ou mangées sur la lune. “J’ai versé le vin dans la coupe que notre Église m’avait donnée. Dans la gravité six fois moindre de la lune, le vin a remonté gracieusement en formant des boucles sur les parois de la coupe”, écrivit-il plus tard. Ensuite, Aldrin lut quelques passages de la Bible et mangea. Armstrong le regarda tranquillement, mais ne participa pas.»
Cet été est pour moi très « goûtu ». Dans une belle série sur le pain, le quotidien français La Croix m’a interrogé sur le sens théologique du pain et de la Cène. Mes propos ont été recueillis par Frédéric Mounier. Je les propose ici:
Chez les protestants, quels sont les arguments théologiques mis en jeu autour du pain?
Olivier Bauer: Deux courants traversent les Églises protestantes. L’un explique, par exemple dans le Grand Nord canadien, que si Jésus avait été inuit, il aurait partagé la viande de phoque. D’autres insistent sur le fait que la Bible évoque explicitement le pain et le fruit de la vigne. Entre Églises protestantes, le débat est ainsi ouvert: avec quel aliment peut-on célébrer? Mais aussi avec quel pain? Le pain quotidien? Le pain de la fête? J’ai célébré, un dimanche de la Trinité, avec du pain en forme de tresse qui, justement, me semble idéal pour symboliser la Trinité. Dans les contrées humides, on peut célébrer avec du biscuit sec, qui se conserve sans difficultés.
Comment vous situez-vous dans votre pratique pastorale personnelle?
O.B.: Il me semble qu’on doit pouvoir célébrer avec différents pains: azyme pour commémorer notre origine juive, avec une hostie en communion avec nos frères et sœurs catholiques, avec une brioche pour souligner le caractère festif, sans gluten pour n’exclure personne, ou au pain sec pour rappeler les pauvretés. Fondamentalement, il me semble qu’on mange aussi comme on croit. Pour les catholiques, il s’agit du corps du Christ. Du côté des protestants, il arrive à certains paroissiens de sacraliser le pain. C’est ainsi parfois le pasteur qui finit le pain entamé, alors qu’ailleurs, ce peut être la communauté, au cours de l’apéritif.
Comment envisagez-vous l’intercommunion?
O.B.: À mes yeux, le repas du Seigneur n’appartient pas à l’Église qui célèbre. Je constate que, dans une église catholique, le protestant peut venir dans le salon mais n’est pas admis à la « salle à manger ».
Lire dans La Croix, l’histoire du pain, relatée par Jean-Claude Raspiengeas:
Sur la page « Alimentation et spiritualité », je viens d’ajouter un article que j’ai écrit en 2014 pour le magazine québécois Philo & Cie. Intitulé: « Petits liens de table », il commence ainsi:
Par expérience, tu sais qu’il est possible d’établir des liens en partageant des mets. Tu t’en souviens, entremêlant vérité du témoignage et vérité de la fiction, sans vouloir les démêler.
Tu commences par l’enfance. Et ses liens un peu vagues. Des liens de complicité avec l’une de tes grands-mères (celle qui n’a pas de réfrigérateur, mais un garde-manger creusé dans un mur en pierre). Autour du verre d’eau tiède qu’elle te fait boire lentement lorsque tu viens en trottinette lui rendre visite. Des liens formels avec tes autres grands-parents, dans des repas où tu apprends à manier différents couverts (à poisson, à fromage, à fruit, etc.), à demander humblement qu’on te « descende le sel », à boire (presque comme un grand) de l’eau rougie par le Bordeaux dans des verres en cristal. Des liens évidemment plus fréquents, plus longs et rétrospectivement plus difficiles avec tes parents. Avec ta mère qui cuisine plutôt bien mais qui se réalise en nourrissant sa famille, qui veut que tu finisses ton assiette « parce que les petits chinois meurent de faim ». Avec ton père qui consomme, sans mettre la main à la pâte, qui quitte la table lorsqu’il juge ses enfants insupportables. Ces repas plus légers (dans tous les sens du terme) lorsqu’il n’est pas là. L’absence de lien aussi, quand tu te caches pour te gaver de charcuterie et de fromage (tu es un boulimique qui te surveille). Un dernier lien, bizarre, quand un camarade d’école t’invite à manger chez lui, rue du Bon-Pain (ça, tu n’aurais pas pu l’inventer) pour éviter que ses parents le punissent pour son mauvais carnet scolaire (tu en as longtemps gardé une certaine aversion pour les rognons à la crème au menu de ce jour).