En septembre-octobre 2022, je donne quatre « buffet-conférences » à l’Espace Madeleine à Genève. Voici le troisème en image commentée.

Merci à Silvia pour la cuisine!
En septembre-octobre 2022, je donne quatre « buffet-conférences » à l’Espace Madeleine à Genève. Voici le troisème en image commentée.
Merci à Silvia pour la cuisine!
Puisque me faites l’honneur de suivre mon blogue, vous pourriez être intéressé·e par mes conférences. En septembre-octobre, je donne à Genève et Lausannne six conférences sur les liens entre alimentation et spiritualité. Vous y êtes bienvenu·e.
Détail sur espace-madeleine.ch/calendrier/
Détails sur https://www.lausanneatable.ch/evenement/un-aliment-une-histoire/
Quand il voit cette publicité pour des œufs suisses, le cerveau du théologien du quotidien parvient à traiter trois informations en même temps : le produit — un œuf — le slogan — « l’essentiel est invisible pour les yeux » — et un savoir — l’œuf comme symbole de Pâques. En une fraction de seconde, son cerveau ultrarapide produit le raisonnement que je vous expose maintenant au ralenti !
Parce que c’est Pâques, parce que je mets ma confiance dans le Dieu de Jésus Christ, parce que je fais de la théologie à partir des aliments, je vois la coquille, minérale, morte, et je pense à un tombeau fermé par une pierre, tout autant minérale, tout aussi mort ; je pourrais m’arrêter là, mais le slogan me pousse à aller plus loin ; qu’est donc cet essentiel, invisible pour les yeux ? Ce qu’il y a dans l’œuf, ce qu’il y a dans le tombeau ; alors je casse la coquille et je me fais une omelette ; ou alors profitant de ce que la pierre qui le fermait est roulée, je regarde dans le tombeau ; l’essentiel serait-il donc le cadavre de Jésus ? Non, car il a disparu ; l’essentiel reste encore, restera toujours invisible pour les yeux ; avec les témoins du non-événement, je peux conclure : il se pourrait que le Christ crucifié soit ressuscité ; il se pourrait que le mort soit vivant ; il se pourrait que la mort n’ait pas le dernier mot.
Et je vais à l’église avec un œuf dur que je taque avec celui d’un·e autre fidèle ; et nous nous disons : « Christ est ressuscité ! Il est vraiment ressuscité ! »
Le quotidien français La Croix me demande de répondre à la question: «Est-il bien de faire autant attention à ce que l’on mange?» L’entretien paraîtra «dans quelque temps».
J’en profite pour réfléchir. Et comme tous les universitaires qui réfléchissent (il y en a quelques un·es), je préfère mettre en question la question plutôt que d’y répondre. Et je mets cette question doublement en question:
S’il y a des extrêmes qui sont clairs (et encore, sont-ils toujours si clairs que cela?), le «autant» est une question de point de vue.
Chacun·e aura tendance à situer le «autant» en fonction de sa propre position et de ses propres convictions. Et nous aurons tou·tes tendance à penser que les autres font «trop» attention à ce qu’ils ou elles mangent et que nous faisons «normalement» attention à ce que nous mangeons.
Cette mise en question pose la question des critères. J’en identifie au moins trois:
Je suis un universitaire, je mets en question les questions. Mais il m’arrive aussi d’apporter des réponses. Et quand j’ai des doutes, je cède parfois à la tentation d’assurer mes réponses en m’appuyant sur la Bible. Et pour cet article, je vais m’appuyer sur trois citations tirées des lettres de l’apôtre Paul; bien que vieilles de 2000 ans, elles restent toujours d’actualité!
Les glaces Professor Grunschnabel respectent les valeurs spirituelles de celles et ceux qui mangent comme ils ou elles croient (voir sur mon blogue la page: On mange aussi comme on croit). Et elles le font savoir! Énonçons brièvement ces options spirituelles que les glaces Professor Grunschnabel prétendent satisfaire:
Quant aux mentions « sans lactose » et « sans gluten », elles concernent la santé, pas la spiritualité.
Un entretien sur la gourmandise pour la radio suisse Couleur 3 (émission La Suisse dévisse) me donne l’envie et l’occasion d’en parler sur mon blogue.
Un Catholique gourmand est un pécheur. Et c’est ce qui a inspiré au célèbre boulanger français Lionel Poilâne (1935-2002) et à ses amis, l’idée de demander au pape – non plutôt de le supplier – de remédier à cet état de fait. Et d’écrire cette lettre ouverte:
« Parce que ni l’histoire ni l’étude des mœurs n’apportent la preuve que le gourmand ne saurait s’arrêter de manger…
Parce que ni la conscience populaire, ni la littérature, ni l’étude sociologique n’apportent la preuve que le gourmand ignorerait le partage…
Parce que ni la religion, ni la philosophie n’apportent la preuve que le gourmand, dans ses pratiques, affecterait les valeurs humaines ou familiales…
Et parce qu’enfin, dans ses œuvres pacifistes, le gourmand, supposé “bon”, fait triompher la qualité sur la quantité…
Avec humilité, nous vous demandons, très saint Père, sachant que la suppression du septième péché est inconcevable, de modifier sa traduction dans la langue française…
Aussi la présente nous incite à vous suggérer la substitution, dans le texte français du mot “gourmandise” par “gloutonnerie”. »
On attend encore la réponse du pape ou des papes, puisqu’il y en a eu déjà trois depuis cette date…
En attendant, déclarons heureux les Protestant.e.s, ont remplacé les sept péchés capitaux par les dix commandements. Car si ceux-ci condamnent l’idolâtrie, prescrivent de respecter le sabbat, interdisent le meurtre, l’adultère, le vol, le faux témoignage (entre autres), ils n’évoquent pas, ils n’évoquent jamais la nourriture. En adoptant les dix commandements, les Protestant.e.s ont ainsi refusé de faire de la gourmandise un péché, qu’il soit véniel ou capital!
Pour mémoire, voici les dix commandements selon le chapitre 20 du livre de l’Exode (il en existe une autre version dans le chapitre 5 du livre du Deutéronome):
1Alors Dieu prononça toutes ces paroles : 2Je suis le SEIGNEUR (YHWH), ton Dieu ; c’est moi qui t’ai fait sortir de l’Égypte, de la maison des esclaves. 3Tu n’auras pas d’autres dieux devant moi. 4Tu ne te feras pas de statue, ni aucune forme de ce qui est dans le ciel, en haut, de ce qui est sur la terre, en bas, ou de ce qui est au-dessous de la terre, dans les eaux. 5Tu ne te prosterneras pas devant ces choses-là et tu ne les serviras pas ; car moi, le SEIGNEUR (YHWH), ton Dieu, je suis un Dieu à la passion jalouse, qui fais rendre des comptes aux fils pour la faute des pères, jusqu’à la troisième et la quatrième génération de ceux qui me détestent, 6mais qui agis avec fidélité jusqu’à la millième génération envers ceux qui m’aiment et qui observent mes commandements. 7Tu n’invoqueras pas le nom du SEIGNEUR (YHWH), ton Dieu, pour tromper : le SEIGNEUR ne tiendra pas pour innocent celui qui invoquera son nom pour tromper. 8Souviens-toi du sabbat, pour en faire un jour sacré. 9Pendant six jours tu travailleras, et tu feras tout ton ouvrage. 10Mais le septième jour, c’est un sabbat pour le SEIGNEUR, ton Dieu : tu ne feras aucun travail, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni tes bêtes, ni les immigrés qui sont dans tes villes. 11Car en six jours le SEIGNEUR a fait le ciel, la terre, la mer et tout ce qui s’y trouve, et il s’est reposé le septième jour. C’est pourquoi le SEIGNEUR a béni le sabbat et en a fait un jour sacré. 12Honore ton père et ta mère, afin que tes jours se prolongent sur la terre que le SEIGNEUR, ton Dieu, te donne. 13Tu ne commettras pas de meurtre. 14Tu ne commettras pas d’adultère. 15Tu ne commettras pas de vol. 16Tu ne porteras pas de faux témoignage contre ton prochain. 17Tu ne convoiteras pas la maison de ton prochain ; tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf, ni son âne, ni rien de ce qui appartient à ton prochain.