hockey

W comme… W (ABC de la #religion du Canadien)

Inspiré par la belle Langue de puck de Benoît Melançon, je me propose de rédiger mon Abécédaire de la religion du Canadien et de définir les 26 mots-clefs de la religion du Canadien. Y parviendrai-je? Affaire à suivre. À suivre vingt-six fois plutôt qu’une! Avec un nouveau mot pour chaque nouvelle partie du Canadien. Du moins je l’espère.


W comme… «W»


Les lettres sont souvent chargées d’une valeur symbolique. Dans le christianisme, le chrisme (les deux lettres grecques «Χρ», chi-rhô) désigne le Christ. Dans le judaïsme, le tétragramme sacré (les quatre lettres hébraïques «יהוה», yod-hé-waw-hé) désigne Dieu, un Dieu que les Juifs ne nomment d’ailleurs jamais ni par ce nom, ni par aucun nom.

Dans la religion du Canadien, les lettres «C» et «H» pour «CH» jouent évidemment un rôle important. Surtout quand elles sont inscrites sur un chandail ou, mieux encore, tatouées sur le coeur des joueurs ou des partisan-e-s. Mais il est une autre lettre encore plus importante pour le Canadien et pour toute équipe sportive, surtout dans des sports qui détestent l’égalité (on la qualifie de «nulle», pour des raisons que l’on a renoncé à comprendre))

Il est une lettre (paradoxale puisque seule, elle est déjà double) qui fait le succès, une lettre vers laquelle tous les efforts sont tendus, une lettre pour laquelle tous les joueurs patinent, lancent (parfois) et comptent (rarement), une lettre dont l’accumulation dans la deuxième colonne des classements (la première est dévolue aux parties jouées) fait toute la différence, une lettre qui, à la fin d’une saison permet de distinguer les gagnants des perdants.

Il est une lettre et cette lettre, c’est le «W» et les valeurs qui lui sont associées. En anglais (qui est à la NHL ce que le latin était à l’Église catholique, ce que le vieux slavon est à l’Église orthodoxe russe), «W» vaut pour «won» (victoire), «W» vaut pour «win» (gagner), «W» vaut pour «winner» (gagnant).

Qui a osé dire «l’essentiel est de participer»? Un maudit loser, sans aucun doute! D’ailleurs Pierre de Coubertin était français.


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V comme… Vaudouïsme (ABC de la #religion du Canadien)

Inspiré par la belle Langue de puck de Benoît Melançon, je me propose de rédiger mon Abécédaire de la religion du Canadien et de définir les 26 mots-clefs de la religion du Canadien. Y parviendrai-je? Affaire à suivre. À suivre vingt-six fois plutôt qu’une! Avec un nouveau mot pour chaque nouvelle partie du Canadien. Du moins je l’espère.


V comme… «Vaudouïsme»


Quand vient le temps des séries, la fin tend à justifier les moyens. Et tous les moyens paraissent légitimes (à défaut d’être bons) quand ils augmentent les chances de succès de l’équipe en laquelle on croit. Absolument tous les moyens et même les plus discutables sur le plan de l’éthique.

Ainsi du vaudouïsme (une pratique fallacieusement attribuée à la religion vaudou, une pratique d’un vaudou de cinéma hollywoodien), qui repose sur une idée étrange (fondée sur le principe du similia similibus curantur, on peut être théologien protestant et connaître son latin): planter des épingles dans l’effigie d’une personne occasionnerait à la personne  des douleurs aux endroits mêmes où les épingles ont été plantées. Et ce quelle que soit la distance qui sépare l’effigie de la personne représentée.

Pour des motifs qui dépassent un peu l’entendement, des gens qui, à première vue, semblent pourtant parfaitement normaux et relativement équilibrés, n’hésitent pas à reprendre à leur compte une telle pratique et, durant les séries, s’efforcent de «vaudouïser» (c’est-à-dire, parlons clairement, de blesser et de faire souffrir) les meilleurs joueurs des équipes qu’affronte le Canadien.

On a ainsi vu, de nos yeux vus, les images troublantes de poupées vaudoues truffées d’épingles, de préférence à l’effigie d’Alexander Ovechkin (joueur vedette des Capitals de Washington) ou de Zdeno Chara (joueur vedette des Bruins de Boston), suivant les circonstances. On a même entendu un chroniqueur radio s’en vanter.

«On fait du vaudouïsme sur Zdeno Chara. On lui plante des aiguilles un peu partout.» Jean-Patrice Balleux. C’est pas trop tôt, Ici Radio-Canada, La Première; 1er mai 2014.

Bien sûr, tout cela, c’est juste pour rire. On laissera à chacun-e la responsabilité de décider si c’est drôle pour autant.


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U comme… Unissons les fidèles (ABC de la #religion du Canadien)

Inspiré par la belle Langue de puck de Benoît Melançon, je me propose de rédiger mon Abécédaire de la religion du Canadien et de définir les 26 mots-clefs de la religion du Canadien. Y parviendrai-je? Affaire à suivre. À suivre vingt-six fois plutôt qu’une! Avec un nouveau mot pour chaque nouvelle partie du Canadien. Du moins je l’espère.


U comme… «Unissons les fidèles»


Karl Marx et Friedrich Engels ont conclu leur fameux Manifeste du Parti communiste par la célèbre formule «Prolétaires de tous les pays, unissez-vous!». Pour sa part, en cette saison 2014-2015, le Canadien a décidé de réunir ses partisans de tous les pays dans un «club 1909», en proclamant dans tous les médias, dans toutes les langues (en fait seulement deux pour être honnête) et dans tout le monde: «Unissons les fidèles/Unite the Faithful».

On aura remarqué que le trio formé de Karl Marx, Friedrich Engels et Geoff Molson (un premier trio?) tombe d’accord sur un point et partage une même ambition (cela mérite sans doute d’être souligné). Pour les trois, «l’union fait la force» et «l’Internationale sera le genre humain». Mais les désaccords surgissent lorsqu’il s’agit de définir quelles sont les personnes appelées à s’unir et quelles sont les personnes qui composent ces deux Internationales.

Quand le Communisme enjoignait aux prolétaires de s’unir pour qu’ils puissent eux-mêmes améliorer leur condition et changer leur destin, la religion du Canadien cherche à unir elle-même ses fidèles pour qu’ils améliorent sa condition et change son destin. S’il y a bien un idéal dans la religion du Canadien, on peut hélas craindre qu’il réside dans son compte en banque. S’il y a bien un Dieu dans la religion du Canadien, on peut hélas craindre qu’il s’intéresse plus à la carte de crédit des fidèles qu’aux fidèles.

Enfin, on ne s’empêchera pas de penser qu’en mentionnant «les fidèles», le Canadien cherche à récupérer à son profit le meilleur de cette religion du Canadien qu’on explore depuis plus de cinq ans.


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T comme… Temple de la renommée (ABC de la #religion du Canadien)

Inspiré par la belle Langue de puck de Benoît Melançon, je me propose de rédiger mon Abécédaire de la religion du Canadien et de définir les 26 mots-clefs de la religion du Canadien. Y parviendrai-je? Affaire à suivre. À suivre vingt-six fois plutôt qu’une! Avec un nouveau mot pour chaque nouvelle partie du Canadien. Du moins je l’espère.


T comme… «Temple de la renommée»


Quand le Québec veut honorer ses sportifs, il n’ouvre pas une version française du religieusement neutre Hall of Fame que gèrent toutes les organisations sportives anglophones. Non, il crée un «Temple de la renommée du Panthéon des sports du Québec», introduisant une double dose de religion, plutôt gréco-romaine (on appréciera le soin pris à éviter les termes chrétiens comme «église» ou «sanctuaire»), là où il ne pourrait y avoir, là où il ne devrait y avoir que du sport.

Et quand le Canadien veut s’honorer lui-même (probablement en vertu de l’adage «Aide-toi, le ciel t’aidera!», la version politiquement plus correcte du principe «On n’est jamais mieux servi que par soi-même»), il ne crée pas un édifice culturel qu’il appellerait le Musée des Canadiens. Non, il ouvre (en 2009 pour l’année de son centenaire) son propre lieu de culte, qu’il nomme très logiquement, (on est une religion ou on ne l’est pas) le «Temple de la renommée des Canadiens de Montréal». Comme n’importe quelle crypte de n’importe quelle basilique, il le situe juste sous le Saint des saints (connu aussi comme le «Centre Bell»).

Pour 11$ (tarif réduit pour les jeunes et les aînés, gratuit pour les enfants), les fidèles peuvent y accéder pour y vénérer (dulie ou latrie, la question reste ouverte) les reliques de leurs idoles: un «chandail de laine porté par Henri Richard», les «patins de Georges Mantha 1928» ainsi qu’un «billet pour le match du 31 déc. 1975». On connaît un auteur qui a généreusement proposé que ses trois livres sur la religion du Canadien figure dans ce Temple, une offre que le Canadien a poliment mais fermement refusée.


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S comme… Sainte-Flanelle (ABC de la #religion du Canadien)

Inspiré par la belle Langue de puck de Benoît Melançon, je me propose de rédiger mon Abécédaire de la religion du Canadien et de définir les 26 mots-clefs de la religion du Canadien. Y parviendrai-je? Affaire à suivre. À suivre vingt-six fois plutôt qu’une! Avec un nouveau mot pour chaque nouvelle partie du Canadien. Du moins je l’espère.


S comme… «Sainte-Flanelle»


Déjà qu’un maillot soit nommé «flanelle» dit quelque chose de l’image du sport qu’il habille. Car il ne s’agit pas ici de la flanelle des vêtements élégants des banquiers de Bay Street, mais de la flanelle dont sont faites les chemises carreautées des bûcherons, des ouvriers, des paysans, des humbles, de ceux qui suent et qui puent (dans le reste du Canada, on dit d’ailleurs un sweat shirt).

Mais quand cette flanelle devient sainte (et gagne deux majuscules au passage), elle prend tout naturellement une valeur tout à fait extraordinaire.

La sanctification du chandail du Canadien («chandail», un autre mot fortement connoté dans la mythologie québécoise, celui-ci par le froid et le grand air) en fait un objet mis à part, un objet sacré dont on parle avec respect (un chandail du Canadien n’est jamais sale, il a seulement été «porté»),  objet vénéré que l’on traite avec respect: après une partie, un chandail du Canadien ne se jette pas par terre, il se retire délicatement, se dépose soigneusement sur la pile de chandails sales (on n’imagine pas que l’on puisse le laver avec des slips ou des chaussettes).

Une Sainte-Flanelle reste toujours une Sainte-Flanelle. Et, par un principe de contagion bien connu dans les religions, elle ne fait qu’ajouter de la valeur aux liquides qui l’imprègne: le sang, la sueur, les larmes ou le champagne de la victoire. Mais je parle ici d’un temps que les moins de vingt (et un) ans ne peuvent pas connaître.


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R comme… Rondelle (ABC de la #religion du Canadien)

Inspiré par la belle Langue de puck de Benoît Melançon, je me propose de rédiger mon Abécédaire de la religion du Canadien et de définir les 26 mots-clefs de la religion du Canadien. Y parviendrai-je? Affaire à suivre. À suivre vingt-six fois plutôt qu’une! Avec un nouveau mot pour chaque nouvelle partie du Canadien. Du moins je l’espère.


R comme… «Rondelle»


Pour l’Office québécois de la langue française, la rondelle est un:

«Objet plat et circulaire fait de caoutchouc dur que les joueurs de hockey sur glace lancent à l’aide d’un bâton.» Le grand dictionnaire électronique

Mais pour les fidèles de la religion du Canadien, et pour ceux qui en commentent les célébrations à la télévision, la rondelle n’est pas ce disque de caoutchouc durci de couleur noire, mesurant 7,62 centimètres de diamètre, 2,54 centimètres d’épaisseur et pesant «environ» 170 grammes. Il est un objet magique doté d’une vie qui lui est propre, d’une volonté qui ne doit rien à personne et surtout pas aux joueurs qui sont censés la manier ou qui aimerait pouvoir la manipuler.

Autonome, indépendante, souveraine, la rondelle fait ce qu’elle veut, quand elle veut et comme elle veut. Forte d’un libre-arbitre, elle agit indépendamment des joueurs qui sont censés la diriger: elle «sautille», elle «bondit», elle «dévie», toujours «accidentellement» (mais personne n’est dupe, il n’y a pas de place pour le hasard). Elle agit selon son propre gré, selon son bon vouloir, selon son bon plaisir et finit toujours par rouler (on s’attendrait à ce qu’elle glisse, mais on l’a dit, elle fait ce qu’elle veut) du bon côté (forcément celui du Canadien) ou du mauvais côté (forcément celui de touts les autres équipes).


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