« An apple a day keeps the doctor away », professe-t-on aux États-Unis. Et l’on peut s’étonner — et se réjouir en même temps — que la pomme bénéficie d’une si bonne réputation. Après tout, elle est considérée comme le fruit défendu du Jardin d’Éden, celui qui a provoqué l’expulsion d’Ève et d’Adam du Paradis.
À dire vrai, l’identification de la pomme au fruit défendu résulte d’un amalgame, d’une confusion. Dans le texte de la Genèse, la femme répond au serpent qui la provoque : « Nous pouvons manger du fruit des arbres du jardin, mais du fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : “Vous n’en mangerez pas et vous n’y toucherez pas afin de ne pas mourir.” » (Bible hébraïque, livre de la Genèse, chapitre 3). Le fruit, pas la pomme !
Mais alors, pourquoi, comment la pomme est-elle devenue le fruit défendu ? Peut-être parce que partagée dans sa hauteur, la pomme laisse apparaître l’image d’un sexe féminin, tranchée dans son épaisseur le pentagramme, symbole du diable ? Peut-être parce qu’au Moyen-Âge, le christianisme romain pour imposer la vigne et le vin a dû discréditer un fruit très présent dans les traditions des Celtes, christianisme celtique compris. Plus sûrement, plus simplement parce que le latin malum signifiait à la fois le mal et la pomme !
Aujourd’hui le christianisme francophone pourrait lui aussi jouer sur les mots et condamner le fruit du pêcher ou prétendre que le diable se niche dans les coings. Et apprécier ce résumé des débuts de l’humanité : « Une pomme, deux poires et beaucoup de pépins. »
Voir aussi mon article « Que la pomme cesse enfin d’être le fruit défendu! »