« L’éprouvette » de l’Université de Lausanne m’a proposé de présenter une de mes recherches dans une vidéo de la série « Décrypté ».
Voici le résultat:
« L’éprouvette » de l’Université de Lausanne m’a proposé de présenter une de mes recherches dans une vidéo de la série « Décrypté ».
Voici le résultat:
Quand on est théologien, on l’est dans tous les moments de son quotidien! J’ai dû l’être quand une connaissance m’a demandé si j’enseigne une « théologie pure ». Vaste question que celle de la pureté de la théologie…
Est-ce une question de référence? Une théologie pure serait alors celle qui serait « purement biblique », « purement fondée sur les enseignements de l’Église » ou « purement inspirée par l’Esprit ». Si c’est bien ça, alors, une théologie ne peut jamais être pure. Car la Bible n’est ni uniforme ni univoque, les Églises ont profondément évolué au cours du temps et l’Esprit n’inspire pas les mêmes choses ni partout, ni tout le temps, ni à tout le monde. La théologie n’est jamais pure, car ce que nous sommes et ce que nus ne sommes pas, ce que nous voulons ou ne voulons pas vient toujours s’interposer entre nous et la Bible, entre nous et l’Église, entre nous et l’Esprit.
Est-ce une question de méthode? Une théologie pure serait alors celle qui ne sortirait pas de son cadre de référence, qui ne ferait que répéter les textes bibliques ou les doctrines de l’Église ou les inspirations de l’Esprit sans rien ajouter. Si c’est bien ça, alors, une théologie ne peut jamais être pure. Car on n’accède ni à la Bible, ni à la doctrine de l’Église, ni à l’Esprit sans des médiations culturelles, à commencer par des langues qu’il est préférable de comprendre, des contextes historiques qu’il est préférable de connaître, des interprétations dont il est préférable de tenir compte. Elle n’est jamais pure, car nos expériences, nos connaissances et nos ignorances viennent toujours s’interposer entre nous et la Bible, entre nous et l’Église, entre nous et l’Esprit.
S’il ne peut exister de théologie pure, alors la théologie est forcément métissée (j’avais envie d’écrire « bâtarde », mais cela sonne un peu trop péjoratif). Elle est toujours un mélange de confiance et de doute, de foi et d’idolâtrie, de savoir et d’ignorance, de fantasme et de vérité, de culture et d’inculture collectives et personnelle, d’expériences heureuses et malheureuses, de d’espoir et de désespoir… (à vous de compléter la liste). Elle est forcément purement humaine et c’est la seule théologie que nous pouvons faire. Et c’est la meilleure théologie que nous pouvons faire. Et c’est la théologie la plus évangélique que nous pouvons faire.
(Légèrement modifié le 14 mai 2021)
Vu le succès de ma « Carte d’identité des protestant·es suisses », je propose de dresser celle des protestant·es français·es. Les chiffres proviennent d’une Enquête auprès des protestants réalisée par l’Institut de sondage Ipsos pour l’hebdomadaire protestant Réforme et la Fédération protestante de France. On verra que les intérêts sont différents selon les pays et selon celles et ceux qui « commandent » l’enquête.
Réalisée entre le 5 septembre et le 3 octobre 2017, elle porte sur un échantillon de « 500 personnes âgées de 15 ans et plus se déclarant de confession protestante ou évangélique ». Je me concentre sur les protestant·es « non-évangéliques ».
Je recopie les chiffres bruts en les classant dans l’ordre décroissant.
90 % | « Il faudrait faire davantage pour lutter contre le réchauffement climatique » |
79 % | « Dans certaines circonstances, chacun devrait pouvoir choisir le moment de sa mort » |
64 % | « L’ouverture des droits au mariage aux couples homosexuels est une bonne chose » |
63 % | « Il y a trop d’immigrés en France » |
60 % | « C’est un devoir pour la France d’accueillir les réfugiés des pays en guerre » |
60 % | « Les couples homosexuels devraient pouvoir être bénis par les Églises » |
58 % | « En France, la laïcité prend trop souvent la forme d’un rejet des religions de la vie sociale » |
57 % | « Pour relancer la croissance, il faut limiter au maximum le rôle de l’État dans l’économie française et donner aux entreprises le plus de liberté possible » |
56 % | « À terme, il faut abandonner la production d’énergie nucléaire en France » |
54 % | « Les chômeurs pourraient trouver du travail s’ils le voulaient vraiment » |
51 % | « La Procréation Médicalement Assistée devrait être étendue aux couples de femmes » |
46 % | « La Gestation Pour Autrui (GPA) devrait être autorisée en France » |
Lire aussi: Carte d’identité des protestant·es suisses
Le 14 décembre 2020, l’Office fédéral de la statistique en Suisse a publié les « Premiers résultats de l’Enquête sur la langue, la religion et la culture 2019 ». Ils concernent la « Population résidante permanente âgée de 15 ans ou plus ».
Il m’a semblé utile d’en extraire les chiffres concernant la « Communauté protestante ». Elle réunit les « Églises nationales protestantes ou Réformés » distinguées des « Autres communautés évangéliques ou évangéliques libres » (1,5 %) et des « communautés luthériennes et des autres églises remontant à la Réforme ou des communautés chrétiennes internationales » (1,1 %) incluses parmi les « Autres communautés chrétiennes ».
Je recopie les chiffres bruts (complétés par quelques « données relatives au graphique ») en les classant dans l’ordre décroissant.
Très | Plutôt | Plutôt pas | Pas du tout | |
Religieuses | 11,7 % | 28,3 % | 40,4 % | 19,6 % |
Spirituelles | 6,7 % | 24,2 % | 35,0 % | 34,0 % |
Lire aussi: Carte d’identité des protestant·es français·es
Je profite d’une invitation dans l’émission Tribu sur la Radio suisse romande, pour prolonger ma réflexion sur 500 ans de Suisse romande protestante. Dans le dernier paragraphe de mon livre, j’indique la proportion de la population réformée dans les cantons suisses romands, sur la base des statistiques de l’Office fédéral de la statistique pour 2016 :
Après la publication de mon livre sont sortis les chiffres de 2018 (Appartenance religieuse selon diverses caractéristiques et le canton). Ils indiquent que la population réformée continue à décroître, même dans les cantons de Fribourg et du Valais. Le Jura est le seul canton qui voit la population réformée augmenter ; il double ainsi Genève. La population réformée représente donc :
À celles et ceux qui me diraient : « Ceci vaut pour la population réformée, mais la population protestante est plus nombreuse puisqu’elle inclut la population évangélique et pentecôtiste qui est en pleine croissance », je répondrai que hors catholiques romain·es et catholiques chrétien·nes, toutes les « Autres communautés chrétiennes » comptent pour 5,5 % de la population helvétique. Quand elles et ils sauront que les « orthodoxes et chrétiens d’Orient » en représentent 2,4 %, elle et ils comprendront que la population évangélique et pentecôtiste reste peu nombreuse et que même la comptant parmi la population protestante — ce qu’il faut faire —, celle-ci décroît en Suisse romande.
Mon dixième ouvrage « Bauer, O. (2020). 500 ans de Suisse romande protestante (1526-2019). Alphil Presses universitaires suisses » est disponible gratuitement et en libre accès sur le site de l’éditeur. Vous pouvez le lire en ligne ou le télécharger au format PDF.
Je remercie le Fonds national de la recherche scientifique qui subventionne cette publication.
Bonne lecture!