J’étais hier au cinéma et j’ai été frappé par ce fait que trois films, dont celui que j’étais venu voir, se vantaient d’être basés sur des histoires vraies.
Vous vous demandez ce qu’une telle information fait sur mon blogue? Attendez de lire la suite!
Car, en sortant du cinéma, je me suis souvenu qu’après avoir lu mon petit livre Le protestantisme à table (j’y mets en scène un narrateur fils d’un pasteur protestant et d’une grande cuisinière, époux d’une catholique et père d’une fille végétarienne, ce qui me permet de réfléchir sur la place de la nourriture en christianisme), une lectrice m’avait dit: «C’est dommage, car quand on te connaît, on sait que l’histoire n’est pas vraie.» Sa remarque m’avait parue fausse. Pour deux raisons: d’abord, les deux genres ne sont pas hermétiquement séparés; la fiction peut prendre la forme d’un témoignage; et le témoignage est une reconstruction qui relève, au moins en partie, de la fiction. Ensuite, la fiction n’est pas moins que le témoignage. Mon livre aurait-il été plus vrai, s’il avait été basé sur une histoire vraie? Je ne le crois pas. La qualité du récit est plus important que la vie de son auteur!
Vous commencez à voir les liens entre une séance cinéma et une théologie du quotidien? Je vais pousser ma réflexion encore un peu plus loin.
Je peux appliquer cette question de la valeur relative de la fiction et du témoignage aux récits bibliques. Est-ce vraiment dommage si les histoires qu’ils racontent ne sont pas vraies, si elles relèvent de la fiction plus que du témoignage? Répondre «oui», c’est commettre une erreur. C’est confondre vérité et factualité. C’est ne tenir pour vrai que ce qui s’est vraiment passé, uniquement ce qui serait basé sur des histoires vraies. Or il faut distinguer entre deux formes de vérité: une vérité objective et une vérité subjective. J’en donne un exemple: affirmer que la Suisse produit du chocolat relève de la vérité objective; c’est un fait (mais les faits sont eux-mêmes fabriqués, c’est pour cela qu’on les appelle des «faits»). Mais prétendre que le chocolat suisse est le meilleur du monde relève de la vérité subjective. Car la phrase implique un sujet (suisse évidement) pour qui le chocolat suisse est le meilleur du monde. Ainsi, si les récits bibliques sont vrais, c’est au sens d’une vérité subjective. Et ils restent donc vrais même si les histoires qu’ils racontent ne se sont jamais déroulées «pour de vrai» (ce qui est hautement probable pour la plupart d’entre elles). En fait, ils deviennent vrais (j’insiste, «ils deviennent vrais» et non pas «ils sont vrais») pour moi quand ils m’aident à vivre vraiment, à vivre de manière véridique (pour rester dans le registre de la vérité).
Du cinéma aux récits bibliques, vous voyez que le théologien du quotidien fait de la théologie à partir de son quotidien!
P.S. Je devrais encore réfléchir sur le concept de vraisemblance. Est-il important qu’un témoignage, une fiction ou les récits bibliques soient vraisemblables? Ce sera (peut-être) pour une autre fois.
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