Citations

Jean Dion sur la valeur des matchs nuls

Superbe formule du journaliste sportif Jean Dion (qui est aussi philosophe et même, au moins dans ce cas, théologien. Mais non! Mais si, Messi, Messie!) dans le quotidien québécois Le Devoir:

« En général, l’humanité réprouve les verdicts nuls parce qu’elle n’apprécie pas les zones de gris, mais le match nul est là pour rappeler à tout un chacun que la vie n’est pas ainsi faite, qu’il est parfaitement possible d’avoir passé les deux dernières heures à tenter quelque chose qui n’a finalement rien donné. »

Jean Dion, À l’unisson, Le Devoir, 21 juin 2016

«Il faudrait pouvoir mourir en sortant de table»: Marion Muller-Colard

Je lis le petit livre de Marion Muller-Colard, L’Autre Dieu. La Plainte, la Menace et la Grâce (paru chez Labor et Fides en 2014). Un ouvrage magnifique. J’y lis ces phrases:

«La très ancienne bénédiction biblique, qui reposa finalement sur Job après bien des tourments – mourir rassasié de jours -, a viré au supplice. Il faudrait pouvoir mourir en sortant de table, après avoir rendu grâce. Au lieu de quoi on nous ligote à notre chaise et nous voilà punis, condamnés à rester à la table d’un interminable repas. Si bon qu’il fût, on est écoeuré à la seule vue des restes.»

Touche par leur beauté et leur justesse, j’ai suspendu ma lecture. Histoire sans doute de les digérer.

Gabriel Matzneff: « Dieu n’est pas difficile »

« L’exaspérant optimisme du Vieux Testament.
“Dieu vit que les choses étaient bonnes.”
Dieu n’est pas difficile. »

Gabriel Matzneff, Cette camisole de flammes, Folio, Paris, 1976, page 280.

France Queré: « On peut renoncer à tout signe extérieur de la foi »

À propos des signes religieux, j’ai trouvé une citation pertinente et percutante, écrite par la théologienne protestante France Queré (1936-1995):

« On peut renoncer à tout signe extérieur de la foi. Cela n’a pas importance si la charité demeure, et nomme, dans son dénuement, un Dieu plus pur que le plus beau des jours. »
Quéré, France. 1974. La foi peut-elle se transmettre?. Paris: Centre Jean-Bart : Éditions du Cerf: 70

À méditer…

Albert Jacquard: « La place de Dieu n’est pas une place »

Quand j’ai appris la mort d’Albert Jacquard, je me suis souvenu d’un entretien qu’il m’avait accordé il y a  vingt-cinq ans, alors que j’animais une émission religieuse sur RTN, une radio locale à Neuchâtel en Suisse. J’avais noté une de ses phrases, une phrase que j’ai citée souvent et toujours conservée avec moi:

« La place de Dieu n’est pas une place. C’est justement ce qui n’a pas de place, le besoin d’une transcendance, d’un au-delà. Il y a l’espace, il y a le temps, il y a les objets, les lois de la nature. Je me dis que peu à peu, on va décrypter ce monde-là. Mais de toutes façons, on répond à tous les « comment », peu à peu, mais on ne répond jamais au « pourquoi », à la cause première de tout ça. Il y aura donc toujours une interrogation sans réponse. C’est ce point d’interrogation irréductible qui est, non pas la place de Dieu, mais l’ouverture infinie qui fait qu’il y a un besoin qui ne peut être comblé que par une croyance. Alors, que ce soit un être, qu’il me ressemble… Ça, c’est très gratuit! Qu’il m’aime, c’est très gratuit! Mais ce serait bien que ce soit vrai! »

Un Bon Berger?

Lu dans un roman de P. D. James:

« Elle avait lu son extrait de la Bible, la parabole du Bon Berger, un de ses préférés, avec une acuité d’esprit et un scepticisme quasi pervers. En quoi, somme toute, consistait le travail d’un berger? Seulement à s’occuper de ses moutons, à veiller à ce qu’ils ne s’échappent pas pour qu’on pût les marquer au fer, les tondre puis les abattre. Si l’on avait pas besoin de la laine et de la chair de ces bêtes, on n’aurait pas besoin de berger. » P. D. James (1992). Un certain goût pour la mort, La Pochothèque, Paris: 428.

Et pour faire bonne mesure, la métaphore du Bon Berger selon l’évangile de Jean:

Jésus dit: 11« Je suis le bon berger: le bon berger se dessaisit de sa vie pour ses brebis. 12Le mercenaire, qui n’est pas vraiment un berger et à qui les brebis n’appartiennent pas, voit-il venir le loup, il abandonne les brebis et prend la fuite; et le loup s’en empare et les disperse. 13C’est qu’il est mercenaire et que peu lui importent les brebis. 14Je suis le bon berger, je connais mes brebis et mes brebis me connaissent, 15comme mon Père me connaît et que je connais mon Père; et je me dessaisis de ma vie pour les brebis. 16J’ai d’autres brebis qui ne sont pas de cet enclos et celles-là aussi, il faut que je les mène; elles écouteront ma voix et il y aura un seul troupeau et un seul berger. 17Le Père m’aime parce que je me dessaisis de ma vie pour la reprendre ensuite. 18Personne ne me l’enlève mais je m’en dessaisis de moi-même; j’ai le pouvoir de m’en dessaisir et j’ai le pouvoir de la reprendre: tel est le commandement que j’ai reçu de mon Père. » Évangile de Jean, chapitre 10, versets 11 à 18. Traduction œcuménique de la Bible, tirée du site Internet Alliance et Société biblique française

James et Jean: deux visions différentes d’un même Bon Berger!