Communion – Apprentissage par problème

Le professeur Olivier Bauer a accepté de soumettre  à la sagacité des étudiant-e-s de ses cours de théologie pratique des problèmes que nous rencontrons dans notre paroisse. Parce que je pense que les réponses pourront aider d’autres paroisses, j’ai décidé de poster ici, au fur et à mesure, les problèmes que nous avons soumis au professeur et les réponses que les étudiant-e-s nous ont fait parvenir. Vous pouvez nous aider en commentant nos problèmes et leurs solutions.

Jean Baptiste Hubert, président de la paroisse de Nulle-Part

La paroisse de Nulle-Part est une paroisse virtuelle et imaginaire créée par le professeur Olivier Bauer pour les besoins de ses cours en théologie pratique.

Communion

Voici le courriel envoyé au professeur Bauer en juin 2010. Il s’agit du premier problème proposé par la Paroisse de Nulle-Part.

THP6206_Probleme_Paroisse_Nulle_Part

« Garder le pain et le vin! » (mardi 13 septembre 2011)

Avis théologique rédigé dans le cadre du cours THP 6206: Pratiques sacramentelles, foi et culture – Faculté de théologie et de sciences des religions – Université de Montréal – Automne 2010

« Monsieur,Dans votre lettre, vous nous avez demandé  s’il est possible de changer les nourritures de la communion et si oui, est-ce que cela serait utile? Nous avons choisi, pour vous répondre avec le plus de justesse et de précision possible, de faire des recherches intensives sur le sujet en consultant des sources biblique, historique, officielle et pratique. Nous vous présentons tout d’abord les règles officielles de l’Église catholique romaine ainsi que des références bibliques et historiques, et ensuite des adaptations pratiques possibles.Premièrement, concernant les règles, nous avons trouvé que vos questions sont pertinentes mais non nouvelles. Dans l’histoire de l’Église catholique, elles furent posées par certaines communautés et théologiens à travers le monde. De plus, nos lectures ont confirmé que des tentatives de changements ont été faites concernant les nourritures (espèces), mais non approuvées officiellement par le Vatican. Par exemple, au XVIe siècle, des missionnaires en Chine ont pensé utiliser du riz et du thé, et plus récemment au XXe siècle au Cameroun, un missionnaire a prôné l’utilisation du mil, mais cela n’a pas été autorisé par l’Église.  Les raisons de ces refus concernent surtout les points suivants : l’Église ne l’a jamais permis car elle compte sur 2000 ans de tradition; le pain et le vin sont des réalités symboliques qui représentent la communion au corps et au sang du Christ et aussi entre les fidèles; un changement dans les aliments couperait avec la tradition instituée par Jésus lui-même, d’après les textes bibliques du Nouveau Testament : Mt 26-29; Mc 14 : 22-26; Lc 22 : 17-19; 1 Cor 11 : 23-29.Pour mieux comprendre toute la portée de cette problématique, permettez-nous de vous rappeler certains faits : le sacrement de l’Eucharistie, comme vous le savez, est un pilier de la foi chrétienne catholique. Pour étayer cette affirmation, voici quelques références qui vous seront sans doute utiles pour votre réflexion: Saint-Thomas-d’Aquin (1225-1274) insiste que l’Eucharistie doit être célébrée par le pain de blé et le vin parce que ce sacrement a été institué par Jésus lui-même avec ces éléments; le Concile de Trente en 1545 établie la doctrine de la transsubstantiation qui affirme que la présence réelle de Jésus-Christ réside dans le pain et le vin consacrés.   De plus, la loi canonique actuelle (no. 924-925) spécifie qu’il faut que les espèces soient du pain de blé sans levain et du vin dans lequel on ajoute un peu d’eau au moment de la consécration. Deuxièmement, concernant les adaptations possibles, le Vatican est ouvert à des approches culturelles de la liturgie au niveau de certains éléments de la célébration de l’Eucharistie. Cependant, dans la lettre encyclique du Pape Jean-Paul II  L’Église vit de l’Eucharistie, le Pape explique au chapitre 5 intitulé « la dignité de la célébration de l’Eucharistie » que la liturgie n’est jamais la propriété privée de quelqu’un, ni du célébrant, ni de la communauté dans laquelle les mystères sont célébrés. Donc, il n’est pas contre des adaptations mais elles doivent être autorisées par les autorités compétentes à cause de l’importance de ce sacrement. De ce fait, toute tentative de changement des aliments ou initiative en ce sens doit être soumise pour conseils et avis aux autorités compétentes, soit tout d’abord le prêtre de votre paroisse puis l’évêque de votre diocèse, si l’on veut être approuvé et œuvrer dans la légitimité afin de suivre la tradition apostolique et de conserver l’unité du corps du Christ dont l’Eucharistie est le symbole. Donc, notre réponse à votre première question est non, il n’est pas possible de changer les aliments de l’Eucharistie car cela n’est pas permis par l’Église et le faire changerait la symbolique qui est au cœur de la doctrine sacramentaire. Notre réponse à votre deuxième question est qu’il n’est aussi pas utile de changer les aliments, pour les mêmes raisons. Après analyse, nous pensons qu’il existe d’autres moyens ou d’autres manières pour se rapprocher en communauté et vivre une foi authentique avec l’accent des diverses cultures. En voici quelques suggestions, sachant que vous pouvez en imaginer d’autres qui peuvent mieux s’adapter à votre dynamique communautaire. Vous pouvez utiliser des chants et des prières en d’autres langues pendant la célébration. Les hosties rondes peuvent être remplacées par d’autres pains de blé sans levain. Vous pouvez incorporer des objets du terroir dans la décoration de l’église ou la procession des offrandes.  La célébration pourrait même se faire à l’intérieur d’une fête communautaire tout en gardant le pain et le vin. Toutefois, nous vous suggérons de réfléchir à ces adaptations avec le comité en charge de la liturgie dans votre paroisse. Espérant que notre réponse saura vous être utile, nous demeurons à votre entière disposition pour toute documentation et renseignement supplémentaire. Avec nos meilleures salutations, »

Julie Boulay, Erin LeBrun, et Micheline Louissaint, sous la direction du professeur Olivier Bauer. Cours THP 6206: Pratiques sacramentelles, foi et culture – Faculté de théologie et de sciences des religions – Université de Montréal – Automne 2010

3 commentaires

  1. Bonjour je voudrais savoir si je peux faire frapper une « communion privée  » pour moi juste un simulacre. De nullité. Merci beaucoup.

    1. Bonjour Madame,
      Votre question est intéressante. Mais il m’est difficile de répondre, en particulier parce que je ne sais pas dans quelle Église cette « communion privée » s’inscrit. L’Église catholique romaine ou les Églises protestantes ne fonctionne pas de la même manière. De manière générale, je pense que si la demande de nullité concerne un événement passé, on ne peut pas l’annuler, on ne peut que le considérer soi-même comme nul. Mais si vous voulez éviter qu’un tel événement se répète à l’avenir, alors il faudrait agir par la voie hiérarchique et le signaler à une autorité compétente. Une autre manière de faire est de publiciser l’événement en alertant les médias.
      J’espère vous avoir aidé un peu et je vous adresse mes meilleures salutations.
      Olivier

      1. Bonjour Olivier, cette soi disant communion s’est effectuée à la chapelle d’un pensionnat catholique.

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