bénédiction

Encore une métaphore religieuse dans le sport

On peut toujours compter sur le quotidien L’Équipe pour mêler sport et religion. Ce dimanche, il est aidé par l’actualité.

La une de l’Équipe, dimanche 24 septembre 2023

Pour les fidèles à la religion infidèles au sport, j’enseigne que l’on qualifie de « classique » les rencontres entre deux clubs français de football, le Paris Saint-Germain et l’Olympique de Marseille.

Pour les fidèles au sport infidèle à la religion, j’enseigne que « béni » signifie littéralement « dont à dit du bien » (béné-diction); on utilise généralement l’expression « béni soit… » comme équivalent de « loué soit.. », comme une formule de reconnaissance et de remerciement.

Pour les passionné·es du sport, de la religion et surtout de la langue française, j’enseigne que L’Équipe aurait écrit « Bénit soit le classique » (avec un « t »), si le pape ou un prêtre catholique l’avait réellement bénit.

« Prie pour tes exas! » Qu’est-ce que cela veut dire?

L’aumônerie œcuménique commune à l’Université et à l’École polytechnique fédérale de Lausanne (visiter son site) fait de la publicité pour une activité intitulée « Prie pour tes exas ! ». Mais qu’est-ce que cela veut dire ?

Comme j’avais fait réfléchir les étudiantes et les étudiants de mon cours d’introduction à la théologie pratique sur un culte avec « prière pour la guérison » (voir mon billet Prier pour la guérison ou prier pour les malades ?), je leur ai proposé de discuter le concept de prier pour ses examens. Voici les résultats de notre discussion. (Je vous rassure, nous avons aussi noté le « souhaité » au masculin, qui grammaticalement ne renvoie donc à aucun des trois termes féminins.)

Comme pour l’activité « prière pour la guérison », l’affiche doit attirer en promettant et le site Internet de l’aumônerie informe plus précisément. Il dit un peu autre chose ou présente les mêmes choses différemment :.

Une Bible ouverte et les détails de l'activité "Prie pour tes exas"
"Une célébration protestante pour se préparer aux examens
Avant de débuter la session des examens, les aumôniers protestants vous invitent à un culte, pour vous ressourcer à la Parole de Dieu, prendre des forces intérieures par le partage de la Cène, et recevoir une bénédiction...
Animé par le Choeur Gospel de l'Aumônerie LET'S GO!!
Dimanche 11 juin 2023, 17h, Eglise Martin Luther King (St-Laurent), Lausanne.
Bienvenue à chacune et chacun!

Le professeur de théologie pratique trouve l’annonce du site plus conforme à la théologie protestante : elle situe le cadre de l’activité, une « célébration protestante » par « les aumôniers protestants » ; elle propose de « se ressourcer », de « prendre des forces intérieures » et de « recevoir une bénédiction ». Rassurer est peut-être son but. Car s’il faut se promener dans les couloirs de l’UNIL et de l’EPFL pour voir une affiche qui disparaît rapidement, tout le monde peut accéder au site Internet de l’aumônerie. Il convient peut-être rassurer l’Église évangélique réformée du canton de Vaud qui, avec l’Église catholique, cofinance l’aumônerie : « Ce que nous faisons est bien chrétien et bien protestant ! »

Enfin, pour être complet, je signale que l’aumônerie organise aussi une « bulle de révisions » mêlant travail intellectuel, activités physiques et moments spirituels.

Du pain bénit

Celles et ceux qui suivent ce blogue le savent, le théologien du quotidien aime les publicités qui intègre du religieux. Il aime aussi les croisements entre alimentation et spiritualité. Alors quand il trouve une publicité qui croise alimentation et religion, il est aux anges!

Vu à Prilly, le 10 mai 2023 © Olivier Bauer 2023

Rappel théologie: Bénir, c’est dire ou faire du bien. Un pain bénit est donc un pain sur lequel on a dit une bonne parole ou fait un bon geste.

Rappel grammaire: un objet est bénit, une chose est bénite; un homme est béni, une femme est bénie.

Rappel liturgie: en catholicisme, le pain bénit est un pain que les fidèles apportent à la messe, font bénir par un prêtre et rapportent à la maison; en orthodoxie, ce sont les restes du pain de l’eucharistie que l’on peut consommer après la divine liturgie.

Rappel popculture: au sens figuré, du pain bénit indique quelque chose de providentiel, de très, très favorable, de très très agréable.

Rappel religion populaire: il arrive qu’on trace une croix sur le pain, au couteau avant la cuisson ou avec le doigt avant de le couper pour remercier Dieu qui le donne.

Rappel amour universel: le pain suisse n’est pas le seul à être bénit. Tous les pains de tout le monde le sont toujours.

Mon programme de novembre: alimentation et bénédiction

Ma théologie vous intéresse? Voici trois activités auxquelles je participe ou que j’organise en ce mois de novembre. Si vous êtes ou venez à Genève ou Lausanne, vous êtes les bienvenu·es.

Affiche des 30 ans de la Plateforme interreligieuse de Genève

« Religions et alimentation – se comprendre autour du repas »

Dimanche 6 novembre 2022, 10h45 à Genève pour les 30 ans de la Plateforme interreligieuse de Genève

Programme détaillé sur le site de la Plateforme interreligieuse de Genève.

Affiche du colloque universitiare Extravagantes bénédictions

« Extravagants bénédictions? Expériences et pratiques concrètes d’accompagnement nuptial de personnes LGBTQI+ en et hors Églises »

Jeudi 17 novembre 2022, de 13h15 à 18h00 à l’Université de Lausanne

Coorganisé par l’Institut lémanique de théologie pratique et la Société vaudoise de théologie.

Plus de renseignements sur le site de la Société vaudoise de théologie.

Affiche du colloque universitaire Qu'espère-t-on de la bénédiction?

« Qu’espère-t-on de la bénédiction ? Entre promesse et superstition ».

Vendredi 18 novembre 2022 de 9h15 à 17h00 à l’Université de Lausanne

Coorganisé par l’Institut lémanique de théologie pratique, l’Office protestant de formation et la revue Vie & Liturgie.

Plus de renseignements et inscriptions sur le site de l’Office protestant de formation.

Pourquoi se lève-t-on pour recevoir la bénédiction à la fin du culte? Et pourquoi se rassoit-on juste après?

Le pasteur vaudois Pierre Bader raconte ce qu’un vieux pasteur lui avait raconté

Si les participant·es au culte se lèvent pour recevoir les paroles et les gestes de bénédiction, c’est que ce sont les dernières paroles et les derniers gestes; une fois celles-ci dites et ceux-ci faits, tout est dit et tout fait; il est donc temps de partir… ce qui est plus facile quand on est déjà debout. « Ite, missa est! » comme le disent mes sœurs-frères catholiques, « allez, vous êtes envoyé·es » plutôt que « allez, la messe est finie! ».

Et pourtant, en Suisse romande au moins, les participant·es au culte se rassoient après la bénédiction finale pour écouter un dernier morceau d’orgue. On devrait partir, mais on reste encore; tout est fini, mais ça continue. Que faire de cet paradoxe?

J’y vois comme un rappel que la ou le pasteur·e, malgré toute ses connaissances théologiques, ses compétences rituelles et sa reconnaissance ecclésiale, n’a pas le dernier mot. Et j’y entends comme un avertissement que la parole intelligible et rationnelle ne suffit pas à transmettre l’Évangile. Et j’aime plutôt ce que je vois et ce que j’entends.


P.S. Si vous vous demandez comment tenir aussi compte de celles et ceux qui ne peuvent pas se lever, vous pouvez lire mon article: « Quel culte protestant pour des corps humains », disponible en libre-accès sur Serval, le dépôt institutionnel de l’Université de Lausanne.

Au culte protestant, mes ami·es!

Où peut-on rencontrer des gens connus et inconnus, passer deux heures dans un lieu historique, voir des bouquets, trembler pour une funambule, découvrir un texte vieux de 2000 ans, écouter un discours de motivation, du Bach et du Brel, de la flûte traversière et de l’orgue, chanter, manger du pain et boire du vin, faire un don pour aider les autres?

Où peut-on se sentir membre d’une communauté et se sentir béni?

Au culte protestant, mes ami·es!