fête

C’est le carême, le carnaval peut commencer!

  • Le carnaval de Bâle a débuté à 4 heures ce matin.
  • Quoi, en plein carême?
  • Évidemment!
  • Comment ça « évidemment »? Tout le monde sait que le carnaval se termine à mardi gras. Avec le mercredi des cendres, c’est le carême qui commence.
  • C’est ce qu’indique le calendrier catholique. Mais rien n’oblige à le suivre. En 1529, Bâle est devenue une ville protestante.
  • Et alors?
  • Alors, quel meilleur moyen d’affirmer sa nouvelle identité que de fêter, de manger gras et de boire beaucoup au moment même où le catholicisme réclame de faire pénitence et de faire maigre.
  • Ce n’est pas pour dire, mais cette volonté de se démarquer est un peu enfantine.
  • Peut-être. Mais si ça fait du bien aux un·es sans faire de mal aux autres, je prends.

Sur le calendrier de Mardi gras jusqu’à Pâques, on peut lire ma série de billets « Le jour V : un conte à rebours de Mardi gras à Pâques ». En 2021, j’y proposais huit chroniques échelonnées de Mardi gras à Pâques où j’évoquais un moment de la vie gastronomique et spirituelle d’une famille œcuménique multiculturelle avec deux mamans et un enfant, bref d’une famille tout à fait typique.

Fêtes et tabous (buffet-conférence alimentation & spiritualité n° 1)

En septembre-octobre 2022, je donne quatre « buffet-conférences » à l’Espace Madeleine à Genève. Voici le premier en image commentée.

Cliquer sur l’image pour l’agrandir. © Olivier Bauer 09/2022

Merci à Silvia pour la cuisine!

Mon gâteau aux pruneaux pour le Jeûne fédéral

En Suisse, le « Jeûne fédéral » est une journée de repentance et d’action de grâce décrétée par les pouvoirs publics. Ce n’est pas un véritable jeûne, puisqu’on y mange peu, mais qu’on y mange quand-même. Traditionnellement, on y mange un gâteau aux pruneaux (ou tarte aux prunes) qui présente un triple avantage:

  1. Être un plat de saison, ce qui permet d’être en phase avec la nature.
  2. Coûter peu, ce qui permet de faire un don à celles et ceux qui en ont besoin.
  3. Pouvoir être cuisiné à l’avance, ce qui permet aux cuisinières – et maintenant aux cuisiniers – de participer au culte ou à la messe.

Mon gâteau aux pruneaux est fait maison et sans gluten.

Pâques, ce n’est pâques un œuf!

Quand il voit cette publicité pour des œufs suisses, le cerveau du théologien du quotidien parvient à traiter trois informations en même temps : le produit — un œuf — le slogan — « l’essentiel est invisible pour les yeux » — et un savoir — l’œuf comme symbole de Pâques. En une fraction de seconde, son cerveau ultrarapide produit le raisonnement que je vous expose maintenant au ralenti !

  • Ce que dit la campagne pub : ce qui est essentiel dans un œuf suisse — mais aussi dans un cervelas suisse ou une pomme suisse — n’est pas l’aliment que l’on voit, mais le fait qu’il soit suisse, une caractéristique invisible.
  • Ce que je lis dans la pub quand elle montre un œuf : ce qui est essentiel dans un œuf, ce n’est pas la coquille que l’on voit, mais ce qu’il y a à l’intérieur et qui reste invisible, le jaune et le blanc, le poussin en gestation.
  • Ce que je fais de la pub : théologiquement, la pub fonctionne comme un symbole du Christ ressuscité.

Parce que c’est Pâques, parce que je mets ma confiance dans le Dieu de Jésus Christ, parce que je fais de la théologie à partir des aliments, je vois la coquille, minérale, morte, et je pense à un tombeau fermé par une pierre, tout autant minérale, tout aussi mort ; je pourrais m’arrêter là, mais le slogan me pousse à aller plus loin ; qu’est donc cet essentiel, invisible pour les yeux ? Ce qu’il y a dans l’œuf, ce qu’il y a dans le tombeau ; alors je casse la coquille et je me fais une omelette ; ou alors profitant de ce que la pierre qui le fermait est roulée, je regarde dans le tombeau ; l’essentiel serait-il donc le cadavre de Jésus ? Non, car il a disparu ; l’essentiel reste encore, restera toujours invisible pour les yeux ; avec les témoins du non-événement, je peux conclure : il se pourrait que le Christ crucifié soit ressuscité ; il se pourrait que le mort soit vivant ; il se pourrait que la mort n’ait pas le dernier mot.

Et je vais à l’église avec un œuf dur que je taque avec celui d’un·e autre fidèle ; et nous nous disons : « Christ est ressuscité ! Il est vraiment ressuscité ! »

Inventer des fêtes laïques plutôt que de célébrer des fêtes chrétiennes!

Pour la deuxième année consécutive, la chaîne de supermarchés suisses Aligros préfère inventer une fête qui n’existe pas plutôt que de célébrer Pâques.

En 2021
En 2022

Ce qui a d’autant moins de sens qu’Aligros espère notamment vendre deux aliments traditionnels de Pâques: des oeufs et de l’agneau. En mentionnant Pâques, Aligros aurait pu ajouter des lapins et des oeufs en chocolat. Tant pis pour son chiffre d’affaire!

Dieu est un·e fromager·ère

Aux pasteures, diacres et prédicatrices laïques (à propos du féminin, découvrir le projet « Helvetia prêche! ») qui préparent une prédication ou un message pour la fête nationale suisse du 1er août, je propose d’évoquer Dieu comme la grande fromagère ou le grand fromager, à partir de cette question que Job lui pose:

« Ne m’as-tu pas coulé comme du lait, puis fait cailler comme du fromage ? » La Bible juive, livre de Job, chapitre 10, verset 10

Formulation étonnante, mais beau témoignage de ce qu’un être humain doit à Dieu. Nous lui devons tout, comme le fromage doit tout à la fromagère, tout au fromager. Mais nous, nous pouvons demander des comptes à qui nous a créé·es, ce qu’aucun fromage ne peut faire.


Post-scriptum: Si vous vous inspirez ou vous êtes déjà inspiré·e de ce verset, je serais curieux de savoir ce que vous avez dit ou écrit. Vous pouvez utiliser l’outil « Commentaire » pour me le partager.