Les biscuits de Noël s’inscrivent dans une période de 6 semaines du premier dimanche de l’Avent au jour de l’Épiphanie. Elle est marquée par de nombreuses préparations sucrées, notamment des pâtes cuites au four : biscuits et pains d’épices de l’Avent, bonshommes en pâte et biscômes de la Saint-Nicolas, friandises, gâteaux et bûches de Noël, galette des Rois de l’Épiphanie. Comme théologien et gastronome, familier des recherches sur les liens entre alimentation et religion,, je décrypte en quatrre billets l’histoire multiséculaire des biscuits de Noël, une tradition qui perdure dans une Suisse déchristianisée. Ces billets viennent en complément d’une intervention dans « À bon entendeur, une émission de la télévision suisse romande » (Les bonnes pâtes de fin d’année) et d’un entretien dans Le Temps (Les dessous de nos douceurs de Noël, pour abonné·e).
Une énigme pour commencer : « Que faut-il pour des biscuits de Noël ? » Il faut des biscuits, un Noël et l’idée de les associer ! Reprenons donc les choses dans cet ordre pour comprendre comment les biscuits de Noël sont arrivés en Suisse !
Une recherche sur le site Internet du Patrimoine culinaire suisse avec les termes « Noël » et « Produits de pâtisserie et de boulangerie » donne 14 résultats, 14 biscuits fédéraux — les bricelets et les « Fasnachtsküchli/merveilles/chiacchiere » — ou presque exclusivement « suisses allemands » : biscômes au miel de Berne, Fribourg et Vaud ; Graswürmeli de Berne et Fribourg ; Badener Chräbeli (pains à l’anis) d’Argovie ; Brunsli (avec du chocolat), bâtonnets à la cannelle, Fastenwähe (au cumin), Hefegigelhopf et Leckerli des deux Bâle ; biscômes aux noisettes, Blauer Kuchen (sorte de bretzel au beurre), Brienzer Krapfen (beignet aux poires) et Dänzenschiibli, (à base d’œufs, de sucre, de lait et de farine) de Berne. Qu’en est-il en Suisse latine, au-delà d’un « rideau de biscuits » ? En 1962, L’Atlas du Folklore suisse indiquait que la bûche de Noël était une spécialité romande, le panettone et le micone les seules pâtisseries tessinoises de Noël. Plus précisément, il indiquait que la vallée de Joux mangeait une « tarte à la papette » (à la compote de fruits) pour les fêtes de fin d’année ; que Genève et l’ouest du canton de Vaud préféraient les beignets frits ; que les Montagnes neuchâteloises réservaient les bonshommes en pâte à Noël tandis que Fribourg les servait pour la Saint-Nicolas ; que les deux Jura partageaient une identique et œcuménique tresse de Noël. Enfin, une recherche sur Internet donne une idée des biscuits de Noël que la Suisse contemporaine préfère : les biscuits à l’anis (Chräbeli), les bruns de Bâle (Brunsli), les miroirs ou coquins (Spitzbube) et les croissants à la vanille.
Qu’on les achète tout prêt dans une boulangerie ou sur un marché de Noël, qu’on les confectionne patiemment dans sa cuisine, ou, dans une pratique typiquement suisse, que l’on abaisse et découpe un bloc de pâte acheté dans un supermarché, les biscuits contribuent sans aucun doute à renforcer la valeur positive associée à Noël, à insuffler un peu de douceur dans un monde trop souvent rempli d’amertume, de comportements qui piquent et du sel des larmes.
- Billet 1: D’où viennent les biscuits?
- Billet 2: D’où vient Noël?
- Billet 3: D’où viennent les biscuits de Noël?
- Billet 4: Aujourd’hui, quels sont les biscuits suisses de Noël?