Dans le cadre d’un repas-science (5 tables de 7 convives, 4 plats et 5 chercheur·es ; chaque chercheur·e discute une thématique avec une table le temps de manger un plat) lors du Festival Histoire et Cité, j’ai proposé de partager nos expériences à propos des derniers repas avant nos fins personnelles. Pour lancer la conversation, j’ai proposé cinq images et posé cinq questions.
Je les partage sur mon blogue pour vous permettre de vous demander si vous aurez faim au moment de votre fin.
Cette installation en 3D de l’artiste suisse Daniel Spoerri (voir sa page sur Wikipédia) met en scène ce qui reste d’un repas après que les convives sont partis.

Question 1 : Avez-vous déjà vécu un « repas de la fin de quelque chose » (voyage, travail, études, réunion, etc.) ? Quel était votre sentiment ?
Dans le projet No Seconds, le photographe néo-zélandais Henry Hargreaves (voir sa présentation sur son site) reconstitue les derniers repas de condamné à mort étatsunien·nes.

Question 2 : Qu’aimeriez-vous manger lors d’un repas que vous sauriez être le repas de votre fin ? Pourquoi ces nourritures, ces plats ou ce menu ?
Il y a quelques années, je présentais l’idée de dernier repas et de ses nourritures symboliques à une professeure de gériatrie. Gentiment, elle m’a rappelé que selon toute vraisemblance, mon dernier repas consistera en une injection de solution sucrée ou salée.

Question 3 (soufflée par une convive du repas-science) : Le vrai repas de la fin n’est-il pas plutôt celui qui précède l’intraveineuse ? Accepteriez-vous que l’un·e de vos proches préfère la mort à ce mode d’alimentation ?
L’artiste majorquin Joan Costa (voir sa présentation sur son site) a imaginé le « sacré nettoyage » du lendemain de la dernière Cène que Jésus a partagé avec ses disciples. Tous les hommes sont partis, mais il reste des femmes à qui revient la tâche de nettoyer la salle

Question 4 : Que faites-vous les lendemains des repas de la fin ? Comment vivez-vous le fait que la vie continue après que quelqu’un·e ou quelque chose est mort·e ?
Ce que l’on ingère peut parfois provoquer la mort. Et dans le cas d’un suicide, assisté ou non, quand la mort est planifiée, il devient possible d’organiser un repas de la fin, de choisir un menu, des convives, un cadre, etc.

Question 5 : Pouvez-vous imaginer organiser un repas de la fin pour vous ou pour un·e proche ? Avez-vous déjà participé à un tel repas ? Si l’on vous y invitait, y participeriez-vous ?
C’était déjà la troisième fois que l’Université de Lausanne me demandait de participer à une activité autour de la nourriture et de la mort. On peut retrouver des traces de mes deux précédentes interventions :
- En 2021, une animation Discuter de la vie, de la mort (subie ou choisie), de ce qu’il y a ou n’y a pas après pour un autre repas science autour de La dernière pilule.
- En 2020, un balado pour radio 40, « Dernier repas : manger ou être mangé ? », Foodculturedays, 20’28’’.