Aujourd’hui, j’ai vu cette affiche de publicité pour « Dieu », « la Bible » et/ou « la foi chrétienne ».
Vu à Lausanne le 24 mars 2022
Du point de vue de la mobilité, le slogan est incontestablement juste. Si je m’approche de Dieu, il sera forcément plus proche de moi. À moins qu’il ne s’éloigne plus vite que je ne m’approche. Mais un bon Dieu ne ferait pas ça, voyons!
Est-ce que le slogan fonctionne aussi théologiquement? Pas dans ma théologie. Dieu·e fait toujours le premier pas. Ielle commence par s’approcher de moi. Et c’est ainsi que je me retrouve plus près d’elle ou de lui. Et c’est ce qui le rend bon ou la rend bonne.
Pour mémoire, l’agence C organise des campagnes de pub, surtout autour de Pâques et de Noël me semble-t-il, Le graphisme est toujours le même, les slogans sont inspirés des textes bibliques, avec cette seule signature: « La Bible ».
La RTS ayant choisi de diffuser l’intégrale de La vie de JC le premier jour de l’an, je propose ce lundi l’intégralité de mon décryptage des 20 épisodes, réunies dans un livre gratuit et en libre accès sur Serval, le serveur académique vaudois:
Vous y trouverez les liens pour visionner en ligne tous les épisodes (disponibles en Suisse seulement).
« L’intégrale » (1er janvier 2022)
Depuis le 18 septembre 2021, la Télévision suisse romande diffuse une série parodique en 20 épisodes — un « Kaamelott évangélique suisse » — intitulée La vie de JC :
Le théologien du quotidien décrypte chaque lundi l’intérêt théologique de l’épisode diffusé le samedi précédent (voir la page « La vie de JC »).
« Retrouvez l’intégral de tous les épisodes autour de J.C. On y retrouve les apôtres Pierre, Simon et Judas, ainsi que Marie, Marie-Madeleine, Ponce Pilate, Jean-le-Baptiste. Personnages caricaturaux et scènes courtes, chaque épisode aborde avec légèreté et humour les grandes histoires autour de la vie de JC. »
Depuis le 18 septembre 2021, la Télévision suisse romande diffuse une série parodique en 20 épisodes — un « Kaamelott évangélique suisse » — intitulée La vie de JC :
Le théologien du quotidien décrypte chaque lundi l’intérêt théologique de l’épisode diffusé le samedi précédent (voir la page « La vie de JC »).
« Pierre est taraudé par une question : comment ça se passe lorsque Dieu parle à J.C. ? Est-ce que cela provoque des tremblements ? Des guilis ? J.C. tente de lui expliquer, mais Dieu lui-même décide d’intervenir. Hélas… »
Ma vision
Seul avec JC, Pierre cherche à comprendre comment « il » s’adresse à lui. Qu’est-ce que JC ressent ? Un bourdonnement, un picotement ? Où est-ce que ça se passe ? Dans sa tête ou « uniquement au niveau de l’épaule ? » Et si « il » parle, en quelle langue le fait-il ? Avec quel accent ?
Pour prouver la réalité de sa manifestation, Dieu lui fait une blague ; par la bouche de JC, il lui commande de tenir une outre pleine d’eau au-dessus de sa tête, une outre qu’il fait aussitôt exploser.
L’intérêt théologique ?
Un plus
Les questions de Pierre sont légitimes ; nous aimerions savoir comment Dieu parle ; mais il est impossible d’y répondre. D’expérience et de connaissance, je crois que la parole de Dieu est rarement spectaculaire ; elle s’entend surtout dans une voix intérieure ou dans la parole d’un·e autre. La Bible juive dit même que c’est en silence qu’il parle le mieux.
Un moins
Il n’est pas vrai que le Dieu du christianisme parle seulement à quelques personnes privilégiées ; il parle à toutes et à tous, mais certain·es sont plus à l’écoute que d’autres ; mais certaines circonstances de la vie incitent mieux à se mettre à l’écoute ; mais certains discours sont plus audibles que d’autres.
Un malus
JC dit à propos de Dieu : « Je suis désolé. Des fois, il a un humour de merde ». Mais cela pourrait aussi — et plutôt ? — s’appliquer au scénariste…
Depuis le 18 septembre 2021, la Télévision suisse romande diffuse une série parodique en 20 épisodes — un « Kaamelott évangélique suisse » — intitulée La vie de JC :
Le théologien du quotidien décrypte chaque lundi l’intérêt théologique de l’épisode diffusé le samedi précédent (voir la page « La vie de JC »).
« J.C. Marche sur l’eau » (20 novembre 2021)
« J.C. est sur la barque de Pierre et Simon. Dieu lui parle et lui ordonne de marcher sur l’eau pour montrer au monde qu’avec la foi, rien n’est impossible. Mais les voies du Seigneur sont impénétrables… »
Ma vision
Si les voies du Seigneur sont impénétrables, l’eau n’est pas suffisamment porteuse pour qu’on y marche dessus. JC en fait l’humide expérience à trois reprises. Tout ça parce qu’une voix off, une voix qu’il identifie comme celle de son père, le lui suggère fortement puis ordonne impérieusement. Si JC accepte de tenter le coup, c’est un peu par confiance – « rien n’est impossible en s’appuyant sur la foi » – et beaucoup parce qu’une « foi qui permet de marcher sur les eaux » serait « spectaculaire », serait « un symbole fort ».
L’intérêt théologique ?
Un plus
En proposant une critique radicale du christianisme et de la confiance en Dieu, cette épisode me paraît le plus féroce de la série.
Critique radicale de la confiance en Dieu, puisque trois fois Jésus compte sur son père et que trois fois sa confiance est trahie. Critique radicale du christianisme, puisque la toute petite foule et les deux disciples applaudissent sans avoir rien compris : « Tu sais ce qu’il fait ? Non, mais ça doit avoir un sens. Oui, je pense. »
Qu’on me comprenne bien. Cette critique radicale est un plus ! Car nous devons aimer Dieu de tout notre cœur mais aussi de toute notre pensée. Foi et raison, croire et comprendre. Que ce soit comme pasteur ou comme professeur de théologie, je forme des gens à réfléchir ce qu’ils croient, j’encourage des personnes à penser par elles-mêmes, y compris contre les autorités religieuses, Bible comprise.
Un moins
Si Dieu fait des « petites farces » pour pousser l’être humain à changer – Job et Jonas et peut-être même Abraham peuvent en témoigner –, celle qu’il fait à JC me semble totalement gratuite. Or, dans la culture biblique, c’est Satan qui aime humilier ses victimes, pas Dieu.
Brack.ch une entreprise suisse de vente par correspondance utilise cette publicité.
Je constate:
Que Mövenpick a l’outrecuidance de juger son café « Der Himmelsche » en allemand (= « Le Céleste ») et « Le Divin » en français !
Que Brack a l’intelligence de demander « Quel est le goût du “divin” ? » et la prudence de mettre des guillemets à « divin » !
Que le « divin » est « fin et sensuel », qu’il « convient à tous les moments de la journée », que son arôme est « riche », qu’il est plus acide (4/5) qu’intense (3/5) et plus torréfié (3/5) qu’amer (2/5); qu’il ait trois cinquièmes de corps devrait un peu rassurer celles et ceux qui croient que le divin s’est incarné en l’homme Jésus !
J’ajoute une nouvelle et douzième publication gratuite et en libre-accès:
Bauer, O. (2021). Petite théologie au quotidien d’une pandémie. 83 pages
Ça commence comme ça…
« Depuis mars 2020, sans vraiment l’avoir voulu, je me retrouve à faire sur mon blogue une petite théologie circonstancielle de la pandémie de la COVID-19. « Théologie circonstancielle », l’expression peut sembler un peu compliquée, mais les deux mots sont appropriés : je fais une théologie, parce que j’interprète ce que je vis à partir de ma confiance en Dieu ; ma théologie est circonstancielle parce que je réagis aux circonstances, à ce que je vois, entends ou lis, aux questions que des journalistes me posent, aux demandes que des Églises me font. Qu’elle soit circonstancielle la rend petite, modeste, fragmentée, évolutive, bref humaine.
Un an plus tard, en avril 2021, j’ai rassemblé les billets de mon blogue (« Une théologie au quotidien », olivierbauer.org), mes gazouillis sur Twitter (@Bauer_Olivier) et mes citations dans les médias pour en faire une petite théologie d’une pandémie. J’ai choisi de les reproduire dans leur état original — à peine ai-je parfois corrigé quelques coquilles ou précisé un terme — et dans l’ordre chronologique — avec de très rares inversions pour former une thématique —. »