Dieu

La Trinité, en passant par un titre de L’Équipe

Ce matin, je vois ce titre dans le quotidien sportif français L’Équipe:

Le père et le fils dont il est question sont François et François-Henri Pinault, propriétaires et dirigeants du club de football de Rennes. Le « sain esprit », esprit de santé, est celui inspire leur direction.

L’expression fait référence à un article de foi du christianisme, celui de la Trinité. Il y a un seul Dieu qui se manifeste de manières différentes et qui remplit des fonctions différentes: Dieu est donc Père, Fils et Saint-Esprit.

  • Les chrétien·nes nomment Dieu « Père » pour dire qu’il est à l’origine de tout et de nous. Ce qui n’empêche pas que l’Univers soit issu du « Big Bang » et que chaque être humain naissent d’une femme. En passant, Dieu devrait plutôt être un Dieu Père-Mère (voir mon article Vers un « Notre Père-Mère » plus inclusif: 2 propositions).
  • Les chrétien·nes nomment Dieu « Fils » pour dire qu’un homme, Jésus de Nazareth, a été l’image exacte de Dieu, qu’il a fait exactement la volonté de Dieu. Il n’est pas le seul enfant, mais, de toutes les filles et de tous les fils de Dieu, il est celui qui lui ressemble le plus et le mieux.
  • Les chrétien·nes nomment Dieu « Esprit » ou « Saint-Esprit » (esprit de sainteté) pour dire qu’il inspire chacune et chacun d’entre nous. Léger comme l’air, puissant comme le vent, volatile comme la fumée, il est un souffle que nous respirons… jusqu’à notre dernier souffle.

Que l’on dise de Dieu qu’il est à la fois un parent et un enfant, un être humain et un esprit complexifie la notion de « Dieu ». La Trinité est un bon moyen d’avouer qu’au fond, je ne sais pas vraiment qui est celle, celui ou ce que j’appelle « Dieu ».

Bonne et moins bonne communication évangélique

Peut-être parce que l’on s’approche de Noël, les publicités pour Dieu refleurisse sur les panneaux d’affichage. Elles sont proposées depuis 35 ans par « L’Agence C » qui se présente comme « une association et un cercle d’amis – des chrétiens de plusieurs confessions attachés à la Parole de Dieu ».

Le théologien pratique du quotidien en a sélectionné deux pour montrer ce qu’il juge juste et moins juste en matière de communication évangélique.

Inspiré de l a lettre de Jacques, chapitre 4, verset 11

Le théologien du quotidien approuve cette affiche. Se référant à « La Bible », elle propose un impératifs d’intérêt général. Quelles que soient ses références religieuses, éthiques, ou philosophiques, on peut comprendre qu’il vaut mieux ne pas dire du mal les uns – et les unes – des autres. La référence à « La Bible » pourrait provoquer un réflexe positif, du type: « Ah bon, je ne savais pas que la Bible pouvait contenir des conseil aussi pleins de bon sens. » Un détail, tout de même: ne faut-il vraiment jamais dire du mal des autres? Il pourrait parfois être utile de dire le mal des autres comme un avertissement ou comme un jugement.

Inspiré de la lettre aux Philippiens chapitre 4, verset 6

Le théologien du quotidien reste plus sceptique devant cette autre affiche. Probablement parce qu’elle ne parle qu’aux seul·es convaincu·es, seulement à celles et ceux qui croient qu’il y a « Dieu » et qu’il ou elle s’intéresse à leurs besoins. À ces deux conditions, les lui exposer prend un sens. Un détail quand-même: l’affiche ne fait pas de promesse. Elle ne dit pas ce que Dieu fait avec les besoins qui lui sont exposés. C’est honnête.


J’ai déjà écrit quelques billets sur les campagnes de l’Agence C. On peut lire ou relire: (Ne pas) faire de l’évangile une morale à deux balles et Juste quant à la mobilité, discutable quant à la théologie

Où trouver un (pas) Bon Dieu, des grands-messes et un miracle?

Dans le football et dans le quotidien sportif français L’Équipe qui multiplie les métaphores religieuses dans son édition dominicale.

Pris dans L’Équipe dimanche 17 septembre 2023

Celui qui n’est pas le Bon Dieu, c’est le footballeur français Samuel Umtiti. Et pour lui, le Bon Dieu, c’est celui qui « change tout ».

Les grands-messes, ce sont des messes catholiques chantées, plus longues et plus solennelles que les autres. Les grands-messes de la semaine qui vient, ce sont les rencontres des coupes d’Europe de football.

Un miracle, c’est un événement improbable que l’on peut attribuer à Dieu (le Bon, celui qui change tout). À Metz, le miracle c’est que l’équipe de football gagne plus de points que ce que les spécialistes pronostiquaient.

La théologie de ChatGPT (#1)

J’ai posé à ChatGPT, cet « agent conversationnel utilisant l’intelligence artificielle » (Wikipedia) une première question théologique, très basique. Et voici ce qu’il m’a répondu:

Généré sur https://talkai.info/fr/

Il n’a pas tort, mais ce serait évidemment un peu court comme travail universitaire.

ChatGPT peut-il faire mieux? A-t-elle ou il (pourquoi un « agent » plutôt qu’une « agente »?) malgré tout des croyances personnelles? Peut-il les prouver par des preuves scientifiques? Je le lui demanderai de temps en temps.

Un signe de la perte de culture chrétienne

Dans le quotidien français Libération, Bernadette Sauvaget propose un bel article sur les funérailles de Joseph Razinger, jadis pape sous le nom de Benoît XVI, (« Aux funérailles de Benoît XVI, l’hommage sobre de François ». J’en tire un court extrait:

Que la rédaction juge utile de préciser que le « Père », avec une majuscule, renvoie à Dieu signale de manière particulièrement évidente la perte d’une culture chrétienne.

Je ne juge pas, je constate. Et comme théologien habitué à m’exprimer dans les médias et sur les réseaux sociaux, je prends note.


À propos de la théologie de Joseph Ratzinger, on peut lire ma série d’articles:

Et à propos du destin post mortel d’un pape, on peut lire mon billet: Le sang de Jean-Paul II à Montréal

Pourquoi est-ce « à ce moment-là » que Dieu a montré qui il était ?

D’où que viennent les étudiant·es, de théologie ou d’autres facultés, ielles apportent dans mes cours leurs savoirs, leurs expériences, leur curiosité et parfois leur naïveté. Ielles me font réfléchir, me font grandir.

Ainsi, alors que je présente comment on conçoit Dieu en Polynésie et en Océanie, un étudiant en géosciences me demande : « Pourquoi Dieu s’est-il révélé à ce moment-là ? », « à ce moment-là » valant pour « vers les années 3750-3800 du calendrier juif, au temps de la vie et de la mort de Jésus ». Il me prend de court ; je ne sais pas que dire. Mais comme je trouve sa question pertinente, je réfléchis et je profite de mon blogue pour répondre, en mêlant ce que je sais et ce que je crois.

  1. Dieu ne s’est pas seulement révélé « à ce moment-là ». Je ne suis pas assez sectaire pour penser que Dieu n’est révélé·e que par Jésus. Dieu a aussi montré qui était Dieu avant, après, ailleurs. Et je suis assez sage pour savoir que différentes personnes dans différentes époques et différentes cultures ont une perception différente de ce « que Dieu est », s’en font des images diverses, lui attribuent des qualités variées. Juste un exemple : « Dieu » n’est Dieu que pour les francophones ; pour d’autres, il s’appelle God, Dio, Te Atua, Allah; d’autres ne l’appellent tout simplement pas.
  2. Seules certaines personnes croient que Dieu s’est révélé « à ce moment-là ». Pas celles et ceux qui ne croient pas qu’il existe un Dieu. Pas celles et ceux qui croient que Dieu ne se révèle pas. Pas non plus celles et ceux qui croient que Dieu s’est révélé à un autre moment. Seul·es les chrétien·es croient que c’est « à ce moment-là » que Dieu se révèle, « à ce moment-là » seulement ou « à ce moment-là » surtout ou « à ce moment-là » aussi.
  3. Quelles sont les spécificités de cette révélation « à ce moment-là » ? Si l’on croit que Dieu s’est révélé·e dans la vie et la mort d’un homme nommé Jésus, si l’on croit que Dieu l’a fait « Christ » — « oint d’huile », une onction qui marque sa royauté et sa sainteté donc sa divinité —, c’est dans la vie de cet homme qu’il faut chercher Dieu. On ne sait presque rien de ce que Jésus a dit ou a fait. Mais on dit qu’il respectait celles et ceux que d’autres traitaient avec mépris, avec dégoût, avec condescendance. Mais on dit qu’il a évoqué un nouveau monde plein d’amour. Mais on dit même qu’il a rendu ce monde possible.

Les cours sont maintenant presque terminés. Mais il me reste une leçon pour répondre à la question de l’étudiant en géosciences. Mardi prochain, je lui dirai que Dieu ne s’est pas révélé « à ce moment-là ». Mais qu’« à ce moment-là », certaines personnes ont eu une intuition : ce que disait Jésus pouvait bien être la parole de Dieu ; ce que Jésus faisait pouvait bien être ce que Dieu voulait. Ielles ont cru que Dieu s’était révélé·e. Et ielles à leur tour ont révélé Dieu en redisant ce que Jésus leur avait dit en refaisant ce que Jésus leur avait fait.