Université de Lausanne

Spiritualité, le choc des photos

Je suis brièvement mentionné dans deux articles de deux site d’information protestants et suisses romands Reformes.ch et Protestinfo à propos de spiritualité (voir plus bas ce que j’en dis)

Mais ce qui me frappe, ce sont les images choisies pour illustrer les deux articles:

Deux mêmes images, deux séries de bols. Comme si la spiritualité ne pouvait pas être conçue autrement que bouddhiste. Et pourtant l’un des articles évoque « le désir d’expérience chrétienne » et l’autre « des spiritualités alternatives » comme « avenir des Églises ». Il faudrait que le choc des photos correspondent au poids des mots. Il faudrait que les images donnent à voir ce que le texte donne à lire. Il faudrait illustrer une spiritualité alternative dans le cadre du christianisme.


Dans « Répondre au désir d’expérience chrétienne« , écrit par Joël Burri, Isabelle Graesslé (voir son blogue), pasteure de la paroisse réformée de Prilly-Jouxtens à l’ouest de Lausanne explique:

« Pour les 60 ans du Centre paroissial Saint-Étienne, nous avons travaillé avec l’École cantonale d’art de Lausanne pour lancer un projet de mise en couleur d’une paroi un peu triste du bâtiment. Les étudiants participant au concours avaient pour mission de mettre en valeur la croix qui passe aujourd’hui presque inaperçue sur une paroi sombre. L’idée est venue de travailler aussi avec la Faculté de théologie. Dans le cadre d’un cours de théologie pratique du professeur Olivier Bauer, les étudiants devront, eux aussi, faire des propositions permettant de rejoindre d’autres paroissiens. »

Dans « Les spiritualités alternatives sont-elles l’avenir des Églises?« , écrit par Lucas Vuilleumier, deux de mes propos sont rapportés:

« Tout le monde s’adapte à son époque, du parti politique au club de sport, c’est bien normal», explique Olivier Bauer, professeur ordinaire à la faculté de théologie de l’Université de Lausanne. Le 20 septembre, ce dernier a d’ailleurs lancé, à l’Université de Genève, un cours sous forme de réflexion sur la possibilité d’«ouvrir la paroisse de l’Église évangélique réformée du canton de Vaud (EERV) de Prilly-Jouxtens à de nouvelles spiritualités». »

« Pour Olivier Bauer, il est sûrement «plus audible pour les jeunes générations de présenter une foi chrétienne plus ressentie qu’intellectuelle». Et de conclure que celle-ci pourrait peut-être se pratiquer «dans une forme très dépouillée, qui donne à vivre l’essentiel de l’Évangile: aimer son prochain comme soi-même». »


Sur mon blogue, on peut consulter le plan du cours « Ouvrir la paroisse de Prilly-Jouxtens à de nouvelles spiritualités« .

Mon programme en septembre…

D’abord un article dans une prestigieuse revue française

La revue Critique me fait l’honneur de publier dans un numéro intitulé « Papas-Mamans » un de mes textes: « Notre père-mère qui es au cieux » (Bauer Olivier, « Notre père-mère qui es aux cieux » », Critique, vol. 915, no 7, 2023, p. 716‑724) dans lequel je réfléchis sur la maternité et la paternité divines. À lire dans la revue ou en libre-accès sur le serveur de l’Université de Lausanne.

(Sur le même thème, on peut redécouvrir ma reformulation de la prière du Notre Père-Mère: Vers un « Notre Père-Mère » plus inclusif: 2 propositions.)

Ensuite la reprise des cours à l’Université

Chaque mercredi, dès le 20 septembre, je donne un cours de théologie pratique intitulé: « Ouvrir une paroisse de l’Église évangélique réformée du canton de Vaud à de nouvelles spiritualités » (lire le plan du cours en cliquant ici). En suivant une démarche d’apprentissage par problème, je demanderai aux étudiant·es de répondre à la demande de la paroisse réformée de Prilly-Jouxtens. Je les fais travailler en groupe pour développer des idées qu’iels devront proposer aux responsables de la paroisse. Selon mon habitude en théologie pratique, leurs idées devront satisfaire deux exigences: être fidèles à l’Évangile (ici dans son interprétation réformée) et pertinentes dans le contexte contemporain (ici, celui de la région lausannoise). L’un des enjeux du cours sera évidemment de savoir ce que sont ces « nouvelles spiritualités ».

Le cours se donne chaque mercredi de 13h15 à 15h, en présence à l’Université de Genève et en téléprésence sur Zoom; il est ouvert à chacune et chacun; pour s’inscrire, il suffit de m’envoyer un courriel en cliquant ici.

Enfin un atelier: Manger, échanger… et changer ?

Le samedi 23 septembre de 10h à 12h, je participe à la journée L’alimentation dans tous ses états organisée par la commune de Chavannes-près-Renens sur les terrains de la Plaine.

« Manger, échanger… et changer ?

Manger à la cantine, sur le pouce, entre copains … se retrouver en famille pour un repas de fête … passer au take away, faire la queue devant un food truck … être omnivore, carnivore, végétarien ou vegan … se nourrir répond à un besoin essentiel à notre survie. Mais c’est aussi l’occasion de rencontres et de partages plus ou moins codifiés. Alors, manger, c’est aussi dire qui on est. L’atelier permettra de mettre en perspective à quelle communauté on appartient, ce à quoi on croit et ce pour quoi on s’engage… Attention : L’atelier est interactif : apportez et présentez votre ustensile de cuisine ou votre épice préféré. Avec Salvatore Bevilaqua, Anthropologue, responsable de recherche à l’Institut des humanités en médecine, CHUV-UNIL, Oliver Bauer, Professeur en théologie pratique, UNIL, Janine Bouslami Bohrer, Animatrice durant plusieurs années de l’atelier « Cuisine d’Ici et d’Ailleurs » à Chavannes et Véronique Jost Gara, Chercheuse associée au ColLaboratoire de l’UNIL.« 

Mon programme de mars 2023: une théologie toujours sensorielle

Outre la routine universitaire, j’ai quatre activités plus ou moins publiques dans mon programme de mars.

En tête de la pastorale Congolaise de Suisse

Samedi 11 mars à Chavannes-près-Renens, je discute de la prédication dans le cadre d’une formation organisée par la Pastorale Congolaise de Suisse.

J’y présente notamment un modèle pour Construire une prédication que j’ai déjà proposé sur mon blogue.


Jeudi 23 mars dès 18 heures, je participe à la soirée rupture de jeûne et au débat: « Jeûne, pratiques alimentaires religieuses et discriminations » dans le cadre de la semaine contre le racisme en Ville de Genève. La soirée a lieu au Centre paroissial Servette Vieusseux, Avenue Wendt 55, 1203 Genève. Elle est publique, il faut s’inscrire sur le site de « Servette contre le racisme« .

« A l’occasion de la rupture du jeûne des musulman.e.s et des jeûneur.se.s chrétien.ne.s de Pâques, invitation à se réunir pour partager une soirée très spéciale autour des pratiques alimentaires religieuses.

Programme de la soirée
18h Célébration interreligieuse
19h Repas – couscous végétarien
20h Table ronde »


Lundi 27 mars, j’anime une journée de formation pour les diacres stagiaires des Églises réformées de Suisse romande, dans le cadre de l’Office protestant de formation. Je vais tenter de convaincre cette troisième volée à utiliser tous leurs sens dans leur ministère. Mais en général, ielles sont acquis·es à l’idée!

En passant, pourquoi ne pas devenir diacre? Consultez les pages « Devenir diacre » de l’OPF et le portail de la diaconie suisse.


Olivier Bauer cuisinant la Bible
Olivier Bauer cuisine la Bible. Littéralement!

Vendredi 31 mars, je coanime un repas-science intitulé Le repas de la fin au Nabi, le restaurant du Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne, de 20h à 22h. Prix 40 francs, renseignement et inscription sur site du Festival Histoire et Cité.

« Profitez du temps d’un repas pour échanger et débattre des enjeux et pratiques liés à l’alimentation. De l’entrée au dessert d’un menu concocté par le restaurant le Nabi – qui mettra à l’honneur pour l’occasion un concept de cuisine crue, brute et végétale – des chercheur·es et spécialistes de divers horizons se succèderont à votre table pour discuter et s’interroger. De la fin de la nourriture de l’autre bout du monde à notre dernier repas, et si on mangeait comme si c’était la fin d’une ère? »

En compagnie de Leila Chakroun, Delphine Ducoulombier, Gabriel Salerno et Dominique Barjolle Musard.

Prier pour la guérison ou prier pour les malades ?

« Une lectrice régulière » de mon blogue m’a envoyé la photographie d’une affiche en me demandant de la décrypter. J’ai choisi à le faire avec quelques un·es des étudiant·es de mon cours d’introduction à la théologie pratique. Merci donc à Jade, Maeva, Nathan et Yannick.

Affiche annonçant un "culte avec prière pour la guérison"

Nos remarques générales

  1. En Suisse, le 5 mars 2023 est la « journée des malades ».
  2. « Culte », « temple », « paroisse », autant de termes qui disent le christianisme et le protestantisme.
  3. L’affiche dit où le culte se passera — Corsier et Corseaux sont deux villages proches de la vile de Vevey —, mais ne dit pas à quelle Église la paroisse appartient.
  4. « Invitez du monde » dit que l’affiche s’adresse aux habitué·es à qui l’on demande d’élargir le cercle, dans « le monde » que le Nouveau Testament oppose parfois aux disciples de Jésus.

Notre analyse

Le point le plus intéressant et potentiellement le plus problématique est cette expression : « culte avec prière pour la guérison ». Est-elle trop ambitieuse ? Est-elle irréaliste ? Est-elle trompeuse ?

Nous avons noté que…

  • La guérison est attachée à la prière, non pas au culte et quelle est donc laissée à Dieu à qui la prière sera probablement adressée.
  • La guérison n’est pas garantie ; c’est une prière pour la guérison, pas une prière de guérison.
  • Le type de guérison n’est pas précisé ; la guérison pourrait advenir dans les trois ordres de la santé : guérison physique, psychologique, spirituelle.
  • La manière dont la guérison pourrait arriver reste ouverte : par un miracle, une opération, un médicament, une bonne hygiène de vie, etc.

Nous avons encore discuté de l’image, de la croix coupée en deux.

En soi, la croix est un symbole de violence, de souffrance et de mort. Pour le christianisme, elle signale aussi que Dieu reste présent·e avec celles et ceux qui sont victimes de violence, qui souffrent et qui meurent. Mais que signifie une croix brisée ? Qu’il y a quelque chose à réparer ? Ce serait peut-être alors la relation entre les êtres humains et Dieu. À moins que la croix ne soit pas brisée, qu’elle soit soit une longue croix qui passe derrière l’affiche pour entourer les malades ?

Notre conclusion

Nous avons conclu que l’affiche est théologiquement légitime, même si elle peut induire des déceptions ou des frustrations. Que se passera-t-il si une personne invitée, une personne « du monde », vient en pensant sincèrement qu’elle-même ou un·e de ses proches va guérir, mais qu’elle reste malade ? Qui rendra-t-elle responsable de l’échec ? En voudra-t-elle à la paroisse, à la prière, à Dieu ou à la personne malade ? Parler de guérison fait toujours courir le risque d’ajouter à la maladie la culpabilité.

Notre approfondissement

Par acquit de conscience, nous avons visité le site Internet de la paroisse réformée de Corsier-Corseaux. Dans l’agenda des cultes, nous avons trouvé une autre présentation du culte :

Dimanche 5 mars
8h45, Chapelle des Monts-de-Corsier, culte
10h, Temple de Corsier, culte avec Cène et prière pour les malades

Nous avons jugé que « prière pour les malades » était une expression moins porteuse, mais plus honnête que « prière pour la guérison ». Car nous ne pouvons pas être certain·es que les malades seront guéri·es. Mais nous devons prier, demander, réclamer exiger que l’on prenne soin d’elles et d’eux.

Mon programme de février 2023: alimentation, catéchèse et théologie interculturelle

Je serais heureux d’accueillir celles et ceux qui sont à Lausanne ou peuvent y passer dans mes activités du mois de février. Elles prolongent la théologie que je fais sur mon blogue.

Conférences

Le matin du jeudi 2 février à l’Université de Lausanne, je présente le carnisme chrétien et sa contestation dans une formation continue « Alimentation et société: du Moyen Âge à nos jours » organisée par la Section d’histoire de l’Université de Lausanne.

Le lundi 27 février à 14h30 à Lausanne, je donne une conférence sur les relations entre alimentation et religions à Connaissance 3, l’Université des seniors du canton de Vaud.

Cours

Dès le 20 février, je recommence à donner des cours de théologie pratique. Ils sont ouverts aux auditrices et aux auditeurs libres.

Au Bachelor/Premier cycle:

Et pour la seconde fois, un cours transdisciplinaire « Penser le sport en le pratiquant » où une vingtaine d’étudiant·es et une douzaine de spécialistes du sport apprennent et enseignent tout en courant au bord du lac Léman! (voir la présentation du cours en 2022)

Au Master/Cycles supérieurs:

  • « Produire un épisode de sa propre websérie théologique, » un tout nouveau cours à option pour les étudiant·es de 4e et 5e années.

Colloque

Enfin, j’organise un colloque sur la théologie interculturelle » avec des chercheur·es venant de Suisse, de France, du Cameroun, de la République du Congo et du Québec (8-10 février à l’Université de Lausanne).

Programme du colloque "Dresser un état de la recherche en théologie interculturelle" Université de Lausanne du 8 au 10 février 2023

Celles et ceux que cela intéresse peuvent lire mon billet Voici comment un professeur à l’Université de Montréal occupe son temps de travail. où j’expliquais la répartition de mon temps de travail alors que j’étais professeur à l’Université de Montréal en 2014.

Pourquoi est-ce « à ce moment-là » que Dieu a montré qui il était ?

D’où que viennent les étudiant·es, de théologie ou d’autres facultés, ielles apportent dans mes cours leurs savoirs, leurs expériences, leur curiosité et parfois leur naïveté. Ielles me font réfléchir, me font grandir.

Ainsi, alors que je présente comment on conçoit Dieu en Polynésie et en Océanie, un étudiant en géosciences me demande : « Pourquoi Dieu s’est-il révélé à ce moment-là ? », « à ce moment-là » valant pour « vers les années 3750-3800 du calendrier juif, au temps de la vie et de la mort de Jésus ». Il me prend de court ; je ne sais pas que dire. Mais comme je trouve sa question pertinente, je réfléchis et je profite de mon blogue pour répondre, en mêlant ce que je sais et ce que je crois.

  1. Dieu ne s’est pas seulement révélé « à ce moment-là ». Je ne suis pas assez sectaire pour penser que Dieu n’est révélé·e que par Jésus. Dieu a aussi montré qui était Dieu avant, après, ailleurs. Et je suis assez sage pour savoir que différentes personnes dans différentes époques et différentes cultures ont une perception différente de ce « que Dieu est », s’en font des images diverses, lui attribuent des qualités variées. Juste un exemple : « Dieu » n’est Dieu que pour les francophones ; pour d’autres, il s’appelle God, Dio, Te Atua, Allah; d’autres ne l’appellent tout simplement pas.
  2. Seules certaines personnes croient que Dieu s’est révélé « à ce moment-là ». Pas celles et ceux qui ne croient pas qu’il existe un Dieu. Pas celles et ceux qui croient que Dieu ne se révèle pas. Pas non plus celles et ceux qui croient que Dieu s’est révélé à un autre moment. Seul·es les chrétien·es croient que c’est « à ce moment-là » que Dieu se révèle, « à ce moment-là » seulement ou « à ce moment-là » surtout ou « à ce moment-là » aussi.
  3. Quelles sont les spécificités de cette révélation « à ce moment-là » ? Si l’on croit que Dieu s’est révélé·e dans la vie et la mort d’un homme nommé Jésus, si l’on croit que Dieu l’a fait « Christ » — « oint d’huile », une onction qui marque sa royauté et sa sainteté donc sa divinité —, c’est dans la vie de cet homme qu’il faut chercher Dieu. On ne sait presque rien de ce que Jésus a dit ou a fait. Mais on dit qu’il respectait celles et ceux que d’autres traitaient avec mépris, avec dégoût, avec condescendance. Mais on dit qu’il a évoqué un nouveau monde plein d’amour. Mais on dit même qu’il a rendu ce monde possible.

Les cours sont maintenant presque terminés. Mais il me reste une leçon pour répondre à la question de l’étudiant en géosciences. Mardi prochain, je lui dirai que Dieu ne s’est pas révélé « à ce moment-là ». Mais qu’« à ce moment-là », certaines personnes ont eu une intuition : ce que disait Jésus pouvait bien être la parole de Dieu ; ce que Jésus faisait pouvait bien être ce que Dieu voulait. Ielles ont cru que Dieu s’était révélé·e. Et ielles à leur tour ont révélé Dieu en redisant ce que Jésus leur avait dit en refaisant ce que Jésus leur avait fait.