Celles et ceux qui suivent ce blogue le savent, le théologien du quotidien aime les publicités qui intègre du religieux. Il aime aussi les croisements entre alimentation et spiritualité. Alors quand il trouve une publicité qui croise alimentation et religion, il est aux anges!
Rappel théologie: Bénir, c’est dire ou faire du bien. Un pain bénit est donc un pain sur lequel on a dit une bonne parole ou fait un bon geste.
Rappel grammaire: un objet est bénit, une chose est bénite; un homme est béni, une femme est bénie.
Rappel liturgie: en catholicisme, le pain bénit est un pain que les fidèles apportent à la messe, font bénir par un prêtre et rapportent à la maison; en orthodoxie, ce sont les restes du pain de l’eucharistie que l’on peut consommer après la divine liturgie.
Rappel popculture: au sens figuré, du pain bénit indique quelque chose de providentiel, de très, très favorable, de très très agréable.
Rappel religion populaire: il arrive qu’on trace une croix sur le pain, au couteau avant la cuisson ou avec le doigt avant de le couper pour remercier Dieu qui le donne.
Rappel amour universel: le pain suisse n’est pas le seul à être bénit. Tous les pains de tout le monde le sont toujours.
Dans le cadre d’un repas-science (5 tables de 7 convives, 4 plats et 5 chercheur·es ; chaque chercheur·e discute une thématique avec une table le temps de manger un plat) lors du Festival Histoire et Cité, j’ai proposé de partager nos expériences à propos des derniers repas avant nos fins personnelles. Pour lancer la conversation, j’ai proposé cinq images et posé cinq questions.
Je les partage sur mon blogue pour vous permettre de vous demander si vous aurez faim au moment de votre fin.
Cette installation en 3D de l’artiste suisse Daniel Spoerri (voir sa page sur Wikipédia) met en scène ce qui reste d’un repas après que les convives sont partis.
Question 1 : Avez-vous déjà vécu un « repas de la fin de quelque chose » (voyage, travail, études, réunion, etc.) ? Quel était votre sentiment ?
Dans le projet No Seconds, le photographe néo-zélandais Henry Hargreaves (voir sa présentation sur son site) reconstitue les derniers repas de condamné à mort étatsunien·nes.
Question 2 : Qu’aimeriez-vous manger lors d’un repas que vous sauriez être le repas de votre fin ? Pourquoi ces nourritures, ces plats ou ce menu ?
Il y a quelques années, je présentais l’idée de dernier repas et de ses nourritures symboliques à une professeure de gériatrie. Gentiment, elle m’a rappelé que selon toute vraisemblance, mon dernier repas consistera en une injection de solution sucrée ou salée.
Question 3 (soufflée par une convive du repas-science) : Le vrai repas de la fin n’est-il pas plutôt celui qui précède l’intraveineuse ? Accepteriez-vous que l’un·e de vos proches préfère la mort à ce mode d’alimentation ?
L’artiste majorquin Joan Costa (voir sa présentation sur son site) a imaginé le « sacré nettoyage » du lendemain de la dernière Cène que Jésus a partagé avec ses disciples. Tous les hommes sont partis, mais il reste des femmes à qui revient la tâche de nettoyer la salle
Question 4 : Que faites-vous les lendemains des repas de la fin ? Comment vivez-vous le fait que la vie continue après que quelqu’un·e ou quelque chose est mort·e ?
Ce que l’on ingère peut parfois provoquer la mort. Et dans le cas d’un suicide, assisté ou non, quand la mort est planifiée, il devient possible d’organiser un repas de la fin, de choisir un menu, des convives, un cadre, etc.
Question 5 : Pouvez-vous imaginer organiser un repas de la fin pour vous ou pour un·e proche ? Avez-vous déjà participé à un tel repas ? Si l’on vous y invitait, y participeriez-vous ?
C’était déjà la troisième fois que l’Université de Lausanne me demandait de participer à une activité autour de la nourriture et de la mort. On peut retrouver des traces de mes deux précédentes interventions :
Nos sociétés occidentales sont sans doute plus influencées par la culture chrétienne qu’elles ne le savent. Ainsi, que le vendredi 13 soit réputé jour de chance doit beaucoup au christianisme.
Le chiffre 13 porte malheur parce que 13 convives ont partagé la Cène, le dernier repas que Jésus a pris avant d’être arrêté, torturé et exécuté et que l’un d’eux, le treizième forcément, Judas exactement, a trahi Jésus.
Le vendredi est un jour de malheur, puisque Jésus est exécuté la veille d’un sabbat, donc un vendredi. Pour mémoire, en judaïsme, le jour commence à la tombée de la nuit.
Mais pourquoi deux malédictions vaudraient-elles une bénédiction ? De la même manière que deux négations s’annulent, que moins par moins égale plus et que les ennemi·es de mes ennemi·es sont mes ami·es.
P.S. Selon les évangiles, Judas joue de malchance puisqu’il est celui qui il se sert à manger au moment où Jésus déclare que celui qui plonge la main dans le plat en même temps que lui le trahira.
Netflix propose une série intitulé The Midnight Club. (Mike Flanagan, Leah Fong. The Midnight Club. Netflix, 2022). Elle raconte l’histoire de grands adolescent·es atteint·es de maladies incurables qui vivent ensemble dans une grande maison de soins palliatifs.
Chaque nuit, à minuit, les jeunes se retrouvent autour d’une table devant un feu de cheminée, ouvrent une bouteille de vin volée et portent un toast qui conviendrait parfaitement pour une Cène ou une Eucharistie chrétienne.
En anglais dans la version originale:
“To those before. To those after.
To us now and to those beyond.
Seen or unseen. Here or not here”
En français, selon ma traduction:
« À celles et ceux qui nous ont précédé·es.
À celles et ceux qui nous suivront.
À nous maintenant. À celles et ceux qui sont au-delà.
Visibles ou invisibles. Ici sans être ici. »
Cette formule me semble une excellente manière de dire aujourd’hui ce que la théologie nomme « communion des saint·es », c’est-à-dire cette intime conviction que la communion dépasse largement le cercle des gens présents.
Durant le semestre du printemps 2022, dans mon cours « Un christianisme qui fait du bien« , j’ai proposé aux étudiant·es de méditer au début de chaque cours. Et j’ai donc préparé deux méditations audiovisuelles censées nous faire du bien, l’une pour nous apaiser, l’autre pour nous stimuler.
Pour vous, rien que que pour vous, je les partage sur mon blogue. À utiliser librement, en rendant à César ce qui est à César et à Olivier Bauer ce qui appartient à Olivier Bauer. Je précise que ce qui est à César ou à Bauer est à Dieu, pour lever toute ambiguïté sur la taille de mon égo.
Pour la deuxième année consécutive, la chaîne de supermarchés suisses Aligros préfère inventer une fête qui n’existe pas plutôt que de célébrer Pâques.
En 2021En 2022
Ce qui a d’autant moins de sens qu’Aligros espère notamment vendre deux aliments traditionnels de Pâques: des oeufs et de l’agneau. En mentionnant Pâques, Aligros aurait pu ajouter des lapins et des oeufs en chocolat. Tant pis pour son chiffre d’affaire!