Québec

Le bagel, 100% juif et 100% montréalais

Profitant d’un congé scientifique, je participe au cours Cultures et patrimoines alimentaires : enjeux et opportunités donné par la professeure Julia Csergo (voir sa page personnelle) à l’Université du Québec à Montréal. J’ai l’occasion d’y partager mes recherches sur les patrimoines alimentaires des religions.


Pour présenter le bagel et pour rappeler qu’il est tout à fait possible d’être 100% juif et 100% montréalais, je reprends le diaporama que j’ai présenté aux étudiant·es.

Diaporama modifié le 13 mars 2024


Dans la même série:

L’hostie, une passion québécoise

Profitant d’un congé scientifique, je participe au cours Cultures et patrimoines alimentaires : enjeux et opportunités donné par la professeure Julia Csergo (voir sa page personnelle) à l’Université du Québec à Montréal. J’ai l’occasion d’y partager mes recherches sur les patrimoines alimentaires des religions.


Pour présenter l’hostie et pour promouvoir son inscription au patrimoine immatériel du Québec ou à son matrimoine, je reprends le diaporama que j’ai présenté aux étudiant·es.


    Dans la même série:

    Damné par les dieux du hockey

    Dans un compte-rendu d’un match de hockey du Canadien de Montréal, je lis ceci:

    La Presse, 29 décembre 2023

    C’est ce genre de réflexion qui m’a poussé à travailler la thématique du sport comme religion, à codiriger un collectif (Bauer et Barreau, La religion du Canadien de Montréal, Fides, 2009) et à écrire un livre (Bauer, Une théologie du Canadien de Montréal, Bayard, 2011).

    Je reconstruis ici brièvement la logique derrière la phrase du journaliste « au moment où il semblait damné par les dieux du hockey ».

    1. Anderson, le joueur du Canadien, constate qu’il y a un mois, dans les mêmes circonstances, il n’aurait pas marqué le but qu’il a marqué.
    2. Comment comprendre cette la différence? Le joueur est le même. Il joue dans la même équipe avec le même équipement. Il s’entraîne et se prépare probablement de la même manière.
    3. La seule explication rationnelle aux variations de performance, c’est qu’il y a des puissances supérieures qui aident ou pénalisent les joueurs.
    4. Parmi les puissances supérieures disponibles, Simon-Olivier Lorange, le journaliste de La Presse, choisit les dieux du hockey. À Montréal, il aurait pu aussi invoquer les fantômes du Forum, la patinoire mythique du Canadien de Montréal.
    5. Ces dieux du hockey auraient damné le joueur du Canadien. Avec cependant une nuance importante. Le joueur « semblait damné ». Cette formule indique qu’il pourrait s’agir d’une image, plus que d’une réalité.

    Ce qu’on ne sait pas, ce sont les prières, les dévotions, les gestes de piété ou les rites que le joueur a ou aurait dû faire pour que les dieux du hockey le sauvent.


    Pour de nombreuses réflexions sur les relations entre sport et religion, ont peut consulter l’onglet de mon blogue Sport et religion.

    Qui se fâche quand Disney montre la religion?

    Aujurd’hui, je suis interpellé par une chronique de l’autrice québécoise Sophie Durocher dans le Journal de Montréal : Les superhéros ont-ils une religion ?

    Elle s’offusque que la prochaine héroïne d’une série de Disney est Ms Marvel, dans la vie « Kamala Khan, une jeune Américaine d’origine pakistanaise de 16 ans » (découvrez le personnage sur le site de Marvel Comics et visionnez la bande-annonce sur le site de Disney). Ce n’est pas tant qu’elle soit dotée de superpouvoirs qui gêne Sophie Durocher, c’est qu’elle soit musulmane et que Disney le souligne dans sa promotion :

    « Les superhéros n’existent pas, les super pouvoirs n’existent pas, les géants verts qui déchirent leur chemise quand ils sont fâchés n’existent pas. Alors, en quoi une superhéroïne qui n’existe pas (mais dont on connaît les croyances religieuses) reflète-t-elle “le monde dans lequel on vit” ? Voir un superhéros se prosterner à la mosquée c’est aussi ridicule que si on voyait Hulk se promener avec une kippa. Ou si on voyait Captain America avec un turban. »

    Comment écrire ce que je pense ? Essayons par l’absurde, essayons de remplacer la religion par le genre !

    « Pourquoi le cinéma devrait-il mettre en scène des femmes, puisque de toute façon les personnages, les situations, les intrigues ne sont que de la fiction ? Alors, en quoi une Première Ministre du Canada qui n’existe pas (mais dont on sait que c’est une femme) reflète-t-elle la vraie vie ? Voir une femme diriger un pays, c’est aussi ridicule que si on voyait un père s’occuper d’un bébé. Ou si on voyait deux hommes faire l’amour. »

    Je n’ose pas penser que Sophie Durocher regrette qu’une série puisse encapaciter des jeunes filles musulmanes, les convaincre qu’elles sont fortes, elles aussi. D’ailleurs, Sophie Durocher n’est pas sectaire. Sa chronique s’attaque également à toutes les religions : islam, judaïsme, sikhisme, hindouisme, christianisme.

    J’imagine plutôt que Sophie Durocher aimerait que toutes les religions disparaissent de l’espace public, peut-être même que la religion disparaisse pour de bon. C’est son droit. Et j’imagine que ça l’embête quand la religion ressurgit là où elle ne l’y attendait pas. Qu’elle se rassure : même chez Disney, toute ressemblance avec la vie n’est que fortuite. Ou peut-être pas !

    Les oreilles du Christ

    En rappel ou à découvrir, ces « oreilles de crisse » – « crisse » étant un euphémisme pour « Christ » – que l’on peut manger au Québec. Que les oreilles du Christ soient « pur porc » dit quelque chose d’une certaine volonté chrétienne de déjudaïser Jésus!

    « Héros du quotidien » ou « ange gardien » (Europe versus Québec).

    Je savais que les personnes qui travaillent pendant, contre et malgré l’épidémie de la Covid 19 sont appelées « héros du quotidien » en Belgique, en France et en Suisse. Je découvre qu’elles sont nommées « anges gardiens » au Québec.

    Le surnom utilisé en Europe francophone en reflète la laïcité. Celui utilisé au Québec peut témoigner d’un reste d’inconscient collectif catholique. Ou alors, au contraire, il peut révéler une sorte de post-laïcité où les termes religieux sont totalement dépouillés de toute valeur religieuse, à tel point que leur emploi ne pose plus aucun problème dans une société laïque.

    J’ajoute que grammaticalement, les « héros du quotidien » sont forcément des mâles, alors que théologiquement, les « anges gardiens » n’ont pas de sexe.