Livre # 1 le 1er décembre 2020 : « Missel des dimanches 2021 »

Décembre 2020

Missel des dimanches 2021 : Nouvelle traduction liturgique. (2020). Cerf, 688 pages.

Une citation percutante

«Tu es béni, Seigneur, Dieu de l’Univers : nous avons reçu de ta bonté le vin que nous te présentons, fruit de la vigne et du travail des hommes, il deviendra pour nous le vin du Royaume éternel.» (page 28) Présentation des dons, nouvelle traduction

Le livre

Le missel des dimanches se compose de deux grandes parties :

  • la «liturgie de la messe» et les «prières eucharistiques», c’est-à-dire la liturgie immuable, dimanche après dimanche (on verra que ce n’est pas tout à fait exact) ;
  • les textes variables pour chaque dimanche et chaque fête de l’année liturgique.

On y trouve aussi quelques textes explicatifs et quelques «prières des chrétiens» — par exemple le Notre Père, l’Ave Maria ou des prières avant les repas —, ainsi qu’une procédure d’examen de conscience dans le cadre du «sacrement de la réconciliation». Je présente les deux parties principales.

La liturgie de la messe

La messe dominicale est organisée en deux grandes parties «après l’ouverture de la célébration» (page 12) : la liturgie de la Parole et la liturgie eucharistique. Chacune de ces parties est réglée par une liturgie qui en fixe précisément le déroulement, les paroles et les gestes les plus importants. Voici comment s’ouvre la célébration :

«Le chant d’entrée achevé, tous, debout, se signent tandis que le prêtre dit :

Au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit.

Amen. » (page14) Les textes en gras doivent être prononcés par les participant·es

J’ai écrit que la liturgie de la messe est immuable, mais ce n’est pas exact. Il existe des variantes entre lesquelles le prêtre doit choisir : il peut faire demander au Seigneur de prendre pitié en français ou en grec, «Kyrie eleison» ; il peut faire prononcer la profession de foi selon le Symbole de Nicée Constantinople (le lire sur le site catholique.org), le Symbole des apôtres (le lire sur le site catholique.org) ou selon «un autre formulaire […] prévu par exemple pour la confirmation» (page 23) ; il peut même, lui « ou un autre membre de l’assemblée », « exprimer par une courte monition un aspect propre à la célébration du jour » (page 14). Il doit construire la prière eucharistique, c’est-à-dire la liturgie de l’eucharistie proprement dite, à partir des variantes proposées, selon les périodes — on trouve 3 préfaces pour Noël, 3 autres pour le carême, 5 pour la semaine pascale et 8 pour les « dimanches du temps ordinaire » — ou selon les circonstances : aux 4 prières eucharistiques s’ajoutent 2 versions «pour la réconciliation», 2 autres «pour les assemblées avec enfants» ainsi que des variantes «pour des circonstances particulières ». Il peut enfin, choisir quelques extraits de la nouvelle traduction du Missel romain (à paraître en 2021) qui s’annonce plus inclusif puisqu’il élargit les «frères» aux «frères et sœurs».

Les messes des dimanches et fêtes en 2021

Comme l’indique le titre, cette seconde partie propose les éléments propres à chaque dimanche ainsi qu’aux fêtes. Elle commence avec le premier dimanche de l’année liturgique (le premier dimanche de l’Avent). Pour ce dimanche et tous les suivants, le missel reproduit les 3 textes bibliques retenus : un de «l’Ancienne Alliance» (Bible juive), un des «Écrits des Apôtres» et, point culminant, un de «la Bonne Nouvelle de Jésus, l’Évangile» (page 12). Il propose en outre et entre autres une courte méditation sur ces textes, des prières spécifiques, des suggestions de chants, la présentation des saint·es de la semaine et une citation édifiante

Ce qui peut séduire

Le missel des dimanches contient l’ensemble de la liturgie de la messe catholique romaine. Il permet à celles et ceux qui vont à la messe d’y participer activement et d’en suivre le déroulement. En reproduisant les textes bibliques retenus pour chaque dimanche, en proposant des textes liturgiques, il facilite aussi la piété personnelle ou familiale. Sans aller à la messe, on peut construire et animer son propre moment de célébration.

Que le missel des dimanches 2021 ait été numéro 1 le premier décembre n’est pas étonnant. Car il est un produit de saison. Comme me l’a rappelé Denis Ramelet de la librairie Le Valentin à Lausanne, un calendrier, un agenda ou un missel s’achètent au début de l’année. Or l’année liturgique commençait en 2020, le dimanche 29 novembre.

Mon avis

(+) J’apprécie beaucoup le fait que l’Église catholique romaine aide ses fidèles à participer activement — et j’ajoute intelligemment — à la messe. Le protestantisme a trop souvent critiqué le cléricalisme et le ritualisme de la messe, pour ne pas souligner que le missel fait exactement l’inverse. Suivant la ligne tracée lors du Concile Vatican II dans la Constitution Sacrosanctum concilium (1963, en lire le texte complet sur le site du Vatican), il encourage une participation «active», «communautaire», «plénière», «extérieure, visible et intérieure», «assumée» et «fructueuse» (page 101). Il permet à chacune et chacun de lire, de relire et de comprendre ce que le prêtre fait et ce qu’il dit ; il permet à chacune et chacun de savoir ce qu’elle ou il doit faire. Les Églises protestantes pourraient s’en inspirer.

(-) Ce que j’aime moins et que révèle le missel, c’est la rigidité de la messe catholique romaine qui laisse peu de place à la créativité des communautés. Par comparaison, un «missel protestant du dimanche» devrait être réécrit chaque dimanche ou presque, puisque les cultes sont chaque fois différents et, au moins un peu, originaux. Ce que j’aime moins, c’est le langage solennel, vieillot, traditionnel, ampoulé de la liturgie. Mais je sais que la forme rigide de la messe et le langage solennel de la liturgie sont des choix qui plaisent à de nombreuses chrétiennes et de nombreux chrétiens. Et je suis heureux que l’Église catholique romaine leur offre ce qu’elles, ce qu’ils cherchent.

Les auteur·es

La maison d’édition

Comme j’ai déjà présenté les éditions du Cerf dans mon article sur l’ouvrage Du fanatisme par Adrien Candiard, je signale que la publication du missel des dimanches fait l’objet d’une lutte entre les éditeurs catholiques français. Car les éditions Bayard proposent aussi le leur (le découvrir sur le site de l’éditeur), à peine plus cher que la version du Cerf. Évidemment, le texte de la liturgie ne varie pas, la présentation générale non plus. Mais le format change : un peu plus gros, rouge aux coins carrés au Cerf, anthracite aux coins ronds chez Bayard qui le vend à peine plus cher. Et surtout, chaque maison d’édition propose ses propres suppléments, rédigés par des auteurs différents. Pour dynamiser ses ventes, le Cerf n’hésite pas à recourir à un argument publicitaire éculé : «Souvent imité, jamais égalé.»


Ouvrages déjà  présentés:

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