La Bible en BD (4): « La Bible » par Loup

Pour prolonger une invitation à parler de « La Bible selon le Chat » par Philippe Geluck («Plus on est de fous, plus on lit» mardi 14 janvier, 13h-14h sur Ici, Radio-Canada, La Première), je présente quatre bandes dessinées directement inspirées par la Bible.

Voir aussi:

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Loup (1984). La Bible. Dargaud

Loup (1984). La Bible. Dargaud

L’auteur:

Jean-Jacques Loup est un dessinateur, illustrateur, architecte. Il est né à Arles en 1936. Il est peut-être plus connu pour ses dessins de presse que pour ses albums de bande-dessinée. Il a participé à la rénovation et à la décoration de plusieurs restaurants.

« Le pitch« :

La Bible de Loup raconte les neufs premiers chapitres de la Genèse, tout en nuance de gris. « Au commencement », Dieu se met à créer le ciel et la terre. Il créée tout ce qu’il doit créer selon Genèse 1. Dans l’ordre où il doit les créer. En respectant les délais… Mais au mauvais endroit! Dieu doit donc tout recommencer (ce qui explique pourquoi Genèse 2 est un deuxième récit de création).  Il (re)créé l’homme, le place dans un jardin, (re)créé une femme pour lui. Et c’est ici qu’intervient mon personnage préféré: un serpent irrespectueux, libidineux (il s’appelle Robert-Charles) qui va pousser Ève puis Adam à consommer le fruit de l’arbre du milieu du jardin, celui qui donne la connaissance du bien et du mal. On connaît la suite (sinon, il faut la lire dans la Bible, la « vraie » ou celle de Loup). Adam et Ève sont renvoyés du jardin d’Éden. Et ils ont deux enfants Caïn et Abel qui ne s’entendent pas très bien (doux euphémisme). Et Caïn survit. Et Caïn a des enfants. Et les enfants de Caïn ont des enfants. Et les enfants ne sont pas meilleurs que leurs parents. Si bien qu’un jour, Dieu décide de noyer la terre, l’humanité et l’animalité. Mais il décide de sauver Noé, sa famille et un couple de chaque animal. Et Noé construit son arche. Et il y fait entrer sa famille et les animaux. Et il ferme la porte. Et la pluie se met à tomber. L’album se termine sur une image en contre plongée où l’on voit Dieu, perché sur le mot « fin », qui regarde l’arche flotter sur une mer déchainée (si c’est beau à lire, c’est encore plus beau à voir).

L’intérêt théologique:

La Bible que dessine Loup (une « couillonnade hébraïque » comme la qualifie Pierre Desproges dans une « Mise en garde bien sentie ») est incroyablement fidèle au récit de la Genèse (qui en est une autre), jusqu’à reprendre des expressions classiques mais désuètes, bref bibliques. Ce n’est sans doute pas pour rien si le scénario est attribué au tétragramme sacré. On retrouve chaque élément, chaque détail du récit biblique mis en scène et illustré avec brio, avec humour, avec finesse, avec originalité, avec créativité, avec démesure. À lire et à faire lire simplement pour faire (re)découvrir les premiers chapitres de la Genèse. Mais pour moi, le coup de génie de Loup (il a forcément dû être inspiré), c’est sa manière de représenter Dieu « sous les traits d’un chapeau de race indéterminée et pourvu d’un paire de pieds » (Desproges), de deux bras et d’une bouche qui parle. Une manière remarquable de représenter l’impossibilité de représenter l’irreprésentable (la phrase est longue mais jute), un manière remarquable de dessiner l’indéssinable, d’inclure dans une bande dessinée celui que les chrétiens ont pris l’habitude de nommer « Dieu » (mais le nom est déjà, en soi, réducteur). Car qu’y a-t-il sous le chapeau? Un homme?Une femme? Quelqu’un d’autre? Quelque chose d’autre? Rien? Le mystère reste entier. Ce qui me pousse à garder la création d’un être humain à l’image de Dieu comme case à haute valeur théologique.

La case à haute valeur théologique:

Loup (). La Bible. Dargaud

Loup (1984). La Bible. Dargaud

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