eucharistie

De la théologie par le sport: communion avant baptême

Titre dans L’Équipe aujourd’hui:

Si je comprends bien l’article, l’équipe féminine de football de Benfica Lisbonne va jouer pour la première fois un quart de finale de la Ligue des Champions, ce qui représente son baptême. Avant cet événement, elles se sont rassemblées, regroupées, réunies, ont resserré leurs liens, ce qui est une communion.

L’ordre des mots du titre inverse la pratique chrétienne habituelle. Dans les Églises, le baptême – qui marque l’entrée dans le « peuple de Dieu » et aussi dans une Église particulière: catholique, orthodoxe, protestante, etc. – précède la communion, c’est-à-dire l’eucharistie ou la (sainte)-cène. En général, le baptême donne le droit de participer à la communion et donc de manger du pain ou l’hostie et, dans l’orthodoxie et le protestantisme, de boire du vin.

Je sais par expérience que cette condition n’est plus appliquée dans les Églises réformées. Elles invitent chacune et chacun à partager le « repas du Seigneur », sans aucune condition. De fait cette position valide le titre de L’Équipe. La communion précède le baptême. On commence par se rassembler, se regrouper, se réunir, et resserrer les liens avec Dieu, dans une communauté avant de célébrer un rite qui témoigne d’une confiance en Dieu et marque l’appartenance à une communauté.

De la théologie pratique inspirée par Netflix

Netflix propose une série intitulé The Midnight Club. (Mike Flanagan, Leah Fong. The Midnight Club. Netflix, 2022). Elle raconte l’histoire de grands adolescent·es atteint·es de maladies incurables qui vivent ensemble dans une grande maison de soins palliatifs.

Chaque nuit, à minuit, les jeunes se retrouvent autour d’une table devant un feu de cheminée, ouvrent une bouteille de vin volée et portent un toast qui conviendrait parfaitement pour une Cène ou une Eucharistie chrétienne.

En anglais dans la version originale:

“To those before. To those after.

To us now and to those beyond.

Seen or unseen. Here or not here”

En français, selon ma traduction:

« À celles et ceux qui nous ont précédé·es.

À celles et ceux qui nous suivront.

À nous maintenant. À celles et ceux qui sont au-delà.

Visibles ou invisibles. Ici sans être ici. »

Cette formule me semble une excellente manière de dire aujourd’hui ce que la théologie nomme « communion des saint·es », c’est-à-dire cette intime conviction que la communion dépasse largement le cercle des gens présents.

Comment la cène protestante répare trois injustices

Mis au défi par un étudiant, j’ai compris que la cène – l’eucharistie protestante, pour fair court et simpliste – répare trois injustices :

  1. Alors que l’eucharistie catholique réserve le plus souvent le vin au seul prêtre, la cène protestante propose à chacun·e de le boire.
  2. Alors que le vin discrimine les enfants et les personnes abstinentes par motif éthique ou pour raison de santé, la cène protestante offre (aussi) du jus de raisin, sans alcool.
  3. Alors que le vin est parfois un produit étranger qu’il faut importer, la cène protestante valorise (aussi) des boissons locales : bière de mil, eau de coco, cidre, etc.

J’aime… le vin, le jus de raisin, la bière de mil, l’eau de coco, le cidre, etc. J’aime… la cène aussi !

Le vin et le christianisme (sur cath.ch et reformes.ch)

On va trouver que je suis monomaniaque, mais je reviens encore sur la valeur théologique du vin.

Mais cette fois, je donne la parole à d’autres. Je rassemble des liens vers des articles parus cet été sur les sites des médias électroniques chrétiens suisses-romands: cath.ch (le portail catholique suisse) et reformes.ch (le portail des protestants réformés de Suisse romande) qui l’été dernier ont tous deux réfléchi sur cette fameuse valeur théologique du vin.

Cath.ch – Le vin et le divin: série d’été autour de la Fête des Vignerons

Reformes.ch – Le vin: plus social que jamais

L’ivresse de Noé à l’étude

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Du poisson dans le tabernacle (théologie fiction)

De temps en temps, j’aime faire de la théologie fiction. Ça me détend. Et c’est la seconde fois que je vais en faire sur l’Eucharistie (Lire mon polar théologique Sur la piste du bretzel).

Lors d’une visite dans la ville du Havre, en France, j’ai visité l’étrange et belle église Saint-Joseph (la découvrir sur le site de l’Unesco) et, dans la chapelle du Saint-Sacrement, au centre du mur du fond, j’ai vu ceci:

Le Havre, église Saint-Joseph, chapelle du Saint-Sacrement. (c) Patricia Bauer

En voyant le poisson sur le tabernacle, je me suis demandé ce qu’il y faisait. D’où ma…

Théologie fiction:

Pourquoi un poisson figure-t-il sur le tabernacle? Suivez bien ma logique:

  1. Le poisson sur le tabernacle est un symbole du Christ, puisque le terme grec Ichtus peut se lire comme l’acronyme de l’expression « Jésus Christ Fils de Dieu Sauveur ».
  2. Comme l’indique la lumière rouge de la présence perpétuelle, le tabernacle de la chapelle du Saint-Sacrement contient des hosties consacrées.
  3. La consécration du prêtre provoque la transsubstantiation de l’hostie, c’est à dire que sa substance change de « galette de farine de pur froment » en « corps du Christ ».
  4. C’est ce que souligne le crucifié qui surmonte le tabernacle.
  5. On a toujours postulé que ce corps du Christ était de la chair humaine, c’est-à-dire de la viande.
  6. Mais traditionnellement, l’Église catholique romaine interdit la consommation de viande certains jours de la semaine – en particulier le vendredi, jour de la crucifixion – et certains jours de l’année – en particulier pendant le carême, les 40 jours avant Pâques -.
  7. Pour que les catholiques puissent communier tous les jours de la semaine et tous les jours de l’année, la consécration du prêtre transsubstantifie bien l’hostie en « corps du Christ », mais sous la forme de chair de poisson.
  8. Et c’est ce qu’indique le poisson sur le tabernacle de la chapelle du Saint-Sacrement, dans l’église Saint-Joseph du Havre.

Note: « chair » au lieu de « chaire » corrigé deux fois le 12 août 2019 après le commentaire pertinent de Jean-Paul Guisan.

Qui décide de la réalité d’une présence? #SITP2016

Au cours du 10e congrès de la Société Internationale de Théologie Pratique: « Découvrir, vivre et annoncer l’Évangile dans un monde transformé par les nouveaux médias numériques », un journaliste catholique pose la question de la présence réelle du Christ dans une Eucharistie retransmise par un média électronique.

Pour mémoire, rappelons que la théologie catholique postule que, lorsqu’un prêtre prononce certaines paroles et performe certains gestes, il transsubstantifie des hosties qui deviennent « réellement et substantiellement » le corps du Christ et une coupe de vin qui devient « réellement et substantiellement » le sang du Christ. Cette doctrine de la transsubstantiation a été promulguée par le 4e Concile de Latran en 1215.

On permettra au théologien protestant que je suis de trouver la question peu pertinente. Car la réalité d’une présence dépend toujours de celui ou celle qui la reçoit ou de celui et celle qui la perçoit. Le Christ n’est ni plus ni moins présent dans l’hostie que sur l’écran. Sa présence n’est ni plus ni moins réelle dans la bouche que dans les yeux. Le Christ n’est réellement et substantiellement présent – que ce soit dans une hostie, dans la Bible, dans le mot « Christ » ou partout ailleurs – que pour celui et celle qui croit qu’il y est présent.